Genre – Aventure/ Action RPG
Joueur – Solo
Développeur – Ys Net
Editeur – Deep Silver
PEGI 16
Testé sur PS4
Il existe énormément de gestes et d’expressions faciales qui sont comprises dans le monde entier quelle que soit la culture, quel que soit le pays. Lever un doigt en l’air est certainement la première qui vous est venu à l’esprit. Un langage corporel universel est sans frontières. Quand j’ai testé Shenmue 3, j’ai beaucoup utilisé ce langage du corps. Du doigt en l’air en passant par les poings serrés, je n’ai eu de cesse de réviser ce vocabulaire.
Mais ce qui est arrivé le plus souvent furent de grandes inspirations qui sont ainsi présentée dans notre dictionnaire : « pff. Onomatopée reproduisant le son d’un souffle produit avec la bouche. Un soupir de fatigue pour ne pas dire d’agacement ».
C’est ainsi que certaines personnes vont venir chez moi, me demandant trop souvent ce que je pense de cette madeleine de Proust qui est restée trop longtemps sur le balcon et qui ressemble de plus en plus à un pudding infâme qui va surtout finir par servir à combler un trou dans un mur. Un peu comme revoir un vieil ami qui finalement n’a plus rien à raconter, dans une discussion qui va se finir dans un tintement de petite cuillère au fond d’une tasse à expresso vide. A trop souvent vouloir finir un fond qui est pourtant déjà bu depuis un moment, faire revenir les vieilles gloires est une figure de style qui est certainement l’une des plus dur de l’histoire du jeu vidéo.
Créer une suite à deux jeux qui ont été des échecs commerciaux avec « seulement » six millions d’euros peut paraitre dérisoire quand on connait le cout moyen d’un jeu de ce genre. Tiens justement, en parlant de genre, les premiers Shenmue (sorti sur Dreamcast en note de rappel de ceux qui en le savaient pas) avaient révolutionné le genre avec la création des QTE. Oui Shenmue est le papa des QTE, ses passages qui ont désormais tendance à nous gonfler dans n’importe quel jeu tellement ça sert de bouche trou. Mais quand la loi du « au mauvais moment au mauvais endroit » vient littéralement démolir la franchise qui sort sur une console qui a déjà les deux pieds dans la tombe, il est légitime de s’inquiéter.
La PlayStation 2 de Sony est un véritable rouleau compresseur et la console de Sega n’y échappe pas. A ce stade de la lecture, vous avez le droit de scroller pour confirmer la mise ne page infiniment austère de ce test qui ne sera pas comme les autres.
Pas envie de rire et encore moins faire un effort de mise en page pour cette suite qui, a mes yeux ne devrait pas exister. C’est donc ça le dernier souvenir que l’on va garder de la licence de Yu Suzuki ? Des temps de chargement partout, une direction artistique inexistante et une désagréable impression de s’être fait enfler par une initiative bien trop opportuniste pour être saine. Profiter d’un kickstarter et de l’argent des fans pour pondre un machin pareil qui à vingt ans de retard technique. Parler au PNJ donne des dialogues tellement plats qu’ils pourraient concurrencer la littérature Harlequin. Des animations faciales à mourir de rire, une gestion de l’endurance totalement stupide et je ne vais pas parler de la mise en scène, de cet effet parc d’attraction d’automates à chaque fois que je traverse un lieu habité ni de ces menus tous droits sortis du 666ème cercle de l’enfer. A quel moment je vais me faire plaisir dans des combats qui nous demande juste de défoncer les touches de notre manette comme on défoncerai la tête d’une taupe au… attendez. Mais c’est Yu Suzuki qui a dit dans une interview donnée au Monde quand on lui demande ce qu’il a pensé de Breath of the wild : « Je ne joue pas à d’autres jeux ! Je suis vraiment désolé mais je ne peux pas répondre. Je joue seulement au tape-taupe ! ». Il serait bien évidemment petit de ma part de résumé le papa de Shenmue ainsi mais il faut avouer que cette réponse donne froid dans le dos. On ne se fait pas tripoter la prostate par un garagiste.
Et pourtant…
Derrière ce texte sans mise en page se cache un vrai regret. Comme une envie de crier que au bout de dix-huit ans, ce n’est pas me taper un « A Suivre » qui va me rassurer et que à ce stade là on est plus à deux ans près. Que l’aventure piétine ? Que je suis dans un malaise jamais atteint ? Que n’importe qui pourrait démonter mon avis point par point avec un lance flamme alors que je suis en train de me noyer dans une piscine de subjectivité. Il m’est impossible d’être objectif. Quand je repense au premier Shenmue que j’ai acheté dans un carton déchiré un début d’après-midi dans un Mega Game en 2002. Il était le jeu qui a tourné le plus dans la console avec Crazy Taxi 2 et Marvel vs Capcom 2. Peut-être suis-je un vieux con qui considère que les grands jeu n’on pas forcément besoin de suite surtout après un tel laps de temps. Une personne qui pleure encore d’avoir revendu ce jeu qui est maintenant très rare. Cet avis n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan.
Je me pose cependant une dernière question. Si le jeu en lui-même n’aurait pas Shenmue dans son titre, l’aurions-nous considéré avec autant d’indulgence ?
Nous serions nous attardé dessus en bavant des litres de salive et bramant : « On va enfin connaitre la fin !!! » suivi de comportement irresponsables qui sont souvent liés à une euphorie primaire et stupide. Un jeu qui est un anachronisme à lui tout seul n’aurait pas mérité une ligne. Mais Shenmue ça sonne tellement bien. Le financement ne pouvait que se faire.
Si en 2001, mimer le quotidien dans un jeu vidéo était innovant à l’heure actuelle il rappelle juste le quotidien sans nous faire sourciller. Yu Suzuki à écrit un tome de cette histoire par jeu. Il a écrit onze tomes. On n’est pas sortie de l’auberge.
Opportuniste et dispensable, Shenmue 3 surfe sur la vague du « Viens Michel, les gens donnent de l’argent facilement sur internet maintenant » pour nous « offrir » un jeu daté, loin de faire honneur à l’innovation de Shenmue premier du nom. C’est dommage. Et triste.