Days Gone, c’est un type qui murmure des insultes à sa moto, fuit 800 zombies en caleçon sous la pluie, et répare une batte cloutée avec trois boulons et un chewing-gum moisi.
Plateformes : PS5 / PC
Développeur : Bend Studio
Éditeur : PlayStation Studios
Sortie : 25 avril 2025
Il y a des souvenirs qu’on préférerait oublier. Comme ce test de Days Gone que j’avais pondu en 2019, où je comparais l’expérience à « un road trip sous Lexomil, avec des zombies en guise de ronds-points ». À l’époque, j’avais conclu que le jeu était « aussi excitant qu’une réunion de copropriété un dimanche pluvieux ». Et pourtant, me revoilà, casque sur les oreilles, manette en main, prêt à replonger dans l’Oregon post-apocalyptique. Pourquoi ? Parce que Bend Studio a décidé de nous offrir une version remasterisée sur PS5. Et contre toute attente, cette fois-ci, la pluie a un goût de revenez-y.

Commençons par ce qui frappe d’entrée : l’ambiance. Pas celle des dialogues, souvent dignes d’un film de série B mal doublé. Non, je parle de l’ambiance nocturne, trempée, poisseuse. Quand vous roulez seul sur une départementale défoncée, entre les sapins, avec la pluie qui claque sur la visière et un orage au loin qui fait grésiller votre radio, Days Gone Remastered touche à quelque chose de rare : une forme de mélancolie post-apocalyptique.
C’est le moment de faire une expérience. J’ai besoin d’aller à une mission à 1km. Je vais y aller sans ma moto. Elle me supplie de rester mais je lui tourne le dos comme un traitre, sans un regard. Peut-on atteindre ce point sans moto et sans se faire tuer ? J’avance à travers la forêt et profite ainsi au mieux des graphismes et de l’ambiance. Je décapite quelques mutants, me cache, loot/craft quelques items, fouille une maison et avance progressivement vers l’objectif. Pas de horde, c’est le moment de continuer. J’ai traversé à pied en 15 mins ce que j’aurais fait en 1 mins en moto. Pourquoi je parle de ça ? La moto est le seul point de sauvegarde avec les plumards. En d’autres termes, je me serais fait tuer sur mon trajet à pied, j’aurais réapparu à coté de ma moto. Un stress supplémentaire qui m’a plu et fait comprendre une chose. Cette bécane est bien pratique mais la laissé tomber de temps en temps offre une autre vision des choses. Quand je suis arrivé à mon point de mission à pied, la cut scene me voit arriver en moto…

Ce monde, ravagé mais vivant, ne vous prend pas par la main. Il vous laisse seul, en vous demandant si le bruit entendu dans les buissons était une bestiole, un freaker ou juste le vent. Ce doute, ce silence — interrompu parfois par une attaque de horde ou un piège tendu par des pillards — fait tout le sel d’un jeu qui prend son temps, mais qui sait aussi vous le rendre.
Et techniquement, la PS5 lui fait du bien. Très clairement. Les textures sont plus fines, les effets de lumière (notamment à travers les feuillages) donnent un vrai cachet aux balades en forêt, et la fluidité en 60 FPS change la donne en combat. Les hordes, qui étaient déjà l’atout choc du jeu original, prennent ici une ampleur inédite. On parle de 800 infectés qui vous pourchassent sans relâche, dans une danse mortelle qui frôle parfois le comique de répétition, mais qui fait toujours son petit effet.

Côté contenu, ce remaster ne fait pas les choses à moitié. En plus du jeu de base (et des patchs post-lancement intégrés), vous avez droit à quelques nouveaux modes : un mode Horde pour les masochistes, un mode Permadeath pour les suicidaires et un mode Speedrun pour les impatients. Honnêtement, ce sont surtout des curiosités, mais elles montrent que Bend Studio a fait plus qu’un simple lifting.
L’intégration de la manette DualSense ajoute aussi une couche d’immersion bienvenue. Sentir les vibrations de la moto, la résistance de la gâchette quand vous rechargez sous la pluie, ou le choc d’un contact brutal dans une mêlée : tout ça renforce une immersion déjà solide, et donne à cette version PS5 un petit goût de neuf, même pour ceux qui ont roulé sur toutes les routes de l’Oregon en 2019.

Alors oui, Days Gone Remastered traîne toujours quelques boulets. Le rythme, d’abord, qui alterne fulgurances et longueurs, comme un motard qui cale tous les deux virages. La narration, ensuite, qui continue de miser sur un Deacon St. John plus loquace que charismatique — une sorte de Kratos qui aurait raté sa thérapie de groupe. Et enfin, une IA ennemie toujours aussi erratique : tantôt redoutable, tantôt débile à pleurer (mention spéciale aux snipers qui ne savent pas viser en ligne droite).
Mais à côté de ça, il faut saluer l’effort. Ce remaster n’est pas un simple coup de polish. C’est une véritable version aboutie d’un jeu que beaucoup ont jugé trop vite, ou n’ont jamais pris la peine de découvrir. Et aujourd’hui, il revient avec ses tripes, ses défauts, mais aussi cette ambiance unique, entre solitude mélancolique, débrouille permanente, et western post-apo.
MON AVIS
Days Gone Remastered, c’est un peu le redneck au cœur tendre du catalogue PlayStation. Le type qu’on avait jugé trop vite parce qu’il gueulait, puait l’essence et roulait à contresens. Mais aujourd’hui, il revient rasé de près, mieux habillé, et avec un bon coup de polish sur la bécane.
Ce n’est toujours pas un chef-d’œuvre, mais c’est devenu une œuvre cohérente, immersive et respectueuse de son univers.
Et si vous ne l’avez pas fait en 2018 ? Alors c’est simple : cette version PS5 est la meilleure façon de le découvrir.
BIEN +
Points forts
- Une ambiance nocturne exceptionnelle, surtout sous la pluie
- Des hordes impressionnantes, plus fluides et plus dangereuses que jamais
- L’intégration soignée de la DualSense, pour une immersion totale
Points faibles
- Une narration toujours maladroite
- Des phases de gameplay répétitives
- Une IA parfois aux fraises