ReSetna

Il y a des jeux qui parlent trop, et d’autres qui murmurent. ReSetna, lui, se tait. Il laisse ses murs rouillés, ses cathédrales mécaniques et ses tunnels cramoisis faire tout le travail. Développé par Today’s Games, ce metroidvania cyber-organique fait le pari d’une narration discrète et d’une ambiance pesante, avec en toile de fond un monde rongé par un “Signal” qui rend fous les androïdes.

Informations du Jeu

Plateformes : PC

Développeur :Today's Games

Éditeur : Module16

Sortie : 31 janvier 2025

L’introduction est minimaliste, presque sèche : on émerge d’un sarcophage mécanique, réveillé par une IA aussi distante qu’un serveur de cloud soviétique. Le monde est parti en vrille, les robots s’entretuent, et la seule consigne est claire : “localiser la source du Signal”. L’ambiance est posée. ReSetna ne cherche pas à être aimable, il t’abandonne dans une map sans pitié, avec pour seule boussole ton sens de l’orientation et un vieux sabre. Pas de journal de quête, pas de cinématique à rallonge. On est dans le concret, le tranchant.

Comme tout bon metroidvania, le level design repose sur des zones verrouillées par des compétences spécifiques. Dash aérien, paroi magnétique, double saut — rien de nouveau, mais tout est bien huilé. Le plaisir vient de l’exploration : on avance, on bloque, on débloque, on revient. C’est scolaire, mais efficace. Quelques raccourcis bien placés rendent la progression satisfaisante, même si certaines zones auraient mérité un peu plus de clarté visuelle.

Mention spéciale au bestiaire, qui joue la carte de l’altération mentale : drones aveugles, titans bipolaires, entités flottantes aux cris numériques. Un lore implicite mais présent, à condition d’y prêter attention.

Le système d’évolution est le vrai petit twist du jeu. On récupère des “chips”, sortes de modules de compétence qu’il faut placer dans une grille à la Tetris. Plus une capacité est puissante, plus elle prend de place. Il faut jongler entre attaque, défense, mobilité, et cela crée une vraie tension dans la construction de build. À toi de choisir entre un dash qui traverse les murs ou une attaque chargée qui transperce les ennemis. Pas de surpuissance ici : tout se paie en espace.

Les armes, quant à elles, proposent des styles bien distincts. Le sabre est rapide mais faible, la hache lente mais brutale, la naginata équilibrée. Rien de révolutionnaire, mais les sensations sont bonnes — les coups ont de l’impact, les animations sont nettes, et les effets visuels ne noient jamais l’action.

Techniquement, ReSetna alterne entre prouesse et frustration. Artistiquement, le jeu est superbe : palette de couleurs maîtrisée, animations fluides, ambiance sonore envoûtante. On ressent l’héritage de jeux comme Ori ou Ender Lilies, sans jamais tomber dans la copie. Mais tout cela est parfois gâché par des bugs : hitboxes erratiques, ennemis coincés dans le décor, micro-charges sur certaines plateformes. Rien de dramatique, mais assez pour te sortir de l’immersion au mauvais moment.

Il y a peu de dialogues, mais beaucoup d’émotion. Le jeu ne tient pas la main, ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Il te laisse comprendre, interpréter, ressentir. Tu es seul avec ta lame, ta mémoire fragmentée, et cette sensation étrange d’avancer dans un monde qui a déjà abandonné toute idée de rédemption.

MON AVIS
ReSetna ne cherche pas à réinventer le metroidvania, mais à l’enrober dans une atmosphère métallique, mélancolique et résolument élégante. Entre son gameplay affûté, ses mécaniques de personnalisation bien pensées et son univers rouillé qui suinte la solitude, le jeu propose une expérience aussi rude que touchante. Ce n’est pas un titre parfait — ses bugs et son silence narratif pourront en rebuter certains — mais pour les joueurs curieux, patients, et un peu rêveurs, c’est une traversée qui laisse des traces.

TRÈS BIEN

Critique

Points forts

  • Direction artistique puissante et cohérente
  • Ambiance sonore immersive et minimaliste
  • Boss impressionnants, bien mis en scène

Points faibles

  • Quelques bugs techniques gênants
  • Narration trop discrète pour certains
  • Difficulté en dents de scie selon les zones
Console du Test

Test effectué sur :

PC (Steam)

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