Imaginez que l’apocalypse est passée depuis longtemps. Pas de Mad Max, pas de hordes de mutants, pas même un type torse nu avec un masque à clous sur une moto bricolée. Non, juste… une petite ville tranquille, quelques voisins avec des histoires bizarres, et une envie soudaine de repeindre la cuisine. Dans Artis Impact, la civilisation a peut-être disparu, mais le carrelage reste impeccable.
Plateformes : PC
Développeur : Mas
Éditeur : Feuxon
Sortie : 7 août 2025
Visuellement, c’est un croisement entre une BD indépendante et un RPG 16 bits, mais filtré par un artiste qui aurait troqué la palette de couleurs pour une tasse de tisane. Chaque écran ressemble à une petite carte postale illustrée à la main, avec juste assez de détails pour que l’on s’arrête devant. Les personnages ne font pas des cabrioles épiques : ils se grattent la tête, haussent les épaules… comme des gens qui savent que la fin du monde est derrière eux, et que la prochaine urgence, c’est le repas du soir.

Le gameplay, lui, refuse d’entrer dans le moule. Pas de systèmes imbriqués, pas de menus à rallonge, pas de combo de 12 touches à apprendre par cœur. Les combats au tour par tour se concluent souvent avant que vous ayez eu le temps de réfléchir à une « stratégie » — et ça tombe bien, parce que Artis Impact ne veut pas être votre prof de maths. Les énigmes ne cherchent pas à vous piéger : elles vous tapotent l’épaule, vous offrent un biscuit et vous laissent passer. C’est rafraîchissant de voir un jeu qui ne se sent pas obligé de vous coller un trophée pour avoir réussi à ouvrir une porte.
Et c’est là que réside la vraie force du jeu : il ne joue pas à être autre chose que ce qu’il est. Il ne court pas après le AAA, ne vous bombarde pas de quêtes FedEx, et ne transforme pas chaque conversation en arbre de dialogue à 8 branches. Artis Impact préfère vous offrir des histoires humaines : un voisin un peu louche qui parle aux oiseaux, une vieille dame qui cache des lettres qu’elle n’a jamais osé envoyer, un jeune qui rêve de construire un bateau pour traverser… un lac ridiculement petit. C’est drôle, un peu triste, et surtout sincère.


Oui, le rythme est lent. Oui, ceux qui veulent du challenge vont s’ennuyer. Mais il y a quelque chose de précieux dans cette lenteur. C’est un jeu qui vous dit : « On a déjà assez de bruit ailleurs, ici on écoute la pluie. » Et on finit par se dire que ça aussi, c’est une forme de rébellion.
Quand on referme Artis Impact, on n’a pas l’impression d’avoir gagné ou perdu. On a juste vécu quelque chose. Et ça, dans un médium obsédé par les scores et les trophées, c’est presque révolutionnaire.
MON AVIS
Artis Impact est un jeu qui ne se soucie pas de savoir s’il rentre dans votre top 10 de l’année. Il ne cherche pas à être “le meilleur” : il se contente d’être juste, humble, et de vous tendre un petit morceau d’humanité pixelisée. Et peut-être qu’un jour, en jouant à autre chose, vous repenserez à cette pluie tranquille, à cette porte repeinte, à cette vieille dame et à ses lettres jamais envoyées. Et vous comprendrez qu’au fond, vous ne jouiez pas à sauver le monde. Vous jouiez juste à vivre un instant qui ne vous appartenait qu’à vous.
CHILL IS GOOD / 20
Points forts
- Une direction artistique tendre
- Un jeu qui ose la lenteur et l’absence de pression
- Des situations absurdes et touchantes
Points faibles
- Aucun défi réel dans les combats ou les énigmes.
- Un rythme qui risque de perdre les joueurs allergiques à la contemplation
- Une narration qui reste dans le petit quotidien, au risque de frustrer les amateurs de grandes fresques
Test effectué sur :
PC (Steam)