On a toujours vendu le Jardin d’Eden comme un lieu de sérénité. Les oiseaux chantaient, les rivières clapotaient, et Adam se promenait nu en se disant « tiens, ce serait sympa un slip ». Mais si on regarde bien l’Histoire, le vrai paradis de l’humanité n’a jamais été calme. Nos cathédrales se sont construites sur le fracas des pierres, nos symphonies sur le grondement des percussions, et nos jeux vidéo fondateurs sur des fusillades à 300 km/h dans des couloirs en 3D. Metal Eden ne fait que rétablir une vérité ancestrale : l’homme s’épanouit vraiment quand il court partout avec un fusil à pompe.
Plateformes : PC
Développeur : Reikon Games
Éditeur : Deep Silver, Plaion
Sortie : 2 septembre 2025
En vérité, Metal Eden n’est pas qu’une succession d’arènes comme on enchaînerait les shots un samedi soir : c’est un parcours linéaire et frénétique où l’on alterne des zones de combat cloisonnées — véritables cages à pogo métalliques — et des séquences d’exploration verticale dignes d’un parkour cybernétique. Le décor change sans cesse, passant d’usines saturées de rouille à des ruines organiques traversées de jets de lumière, et le jeu vous oblige à rester en mouvement permanent : grappin, dash, wall-run, transformation en boule de métal, glissades à toute allure. L’impression, ce n’est pas de sauter d’arène en arène, mais de danser un ballet guerrier dans un monde pensé comme un entonnoir à adrénaline, où chaque espace devient à la fois terrain de chasse et instrument de musique, accordé sur le tempo de vos tirs.

Visuellement, on pourrait croire à une toile expressionniste qui aurait pris vie. Les couleurs saturées, les contrastes violents, les formes géométriques brutes : on pense à un Kandinsky passé au broyeur industriel. C’est laid, parfois, mais laid avec style — et surtout laid avec cohérence. Comme une vieille affiche de concert punk, dont le papier jauni et les bords déchirés font partie intégrante de son charme.
La bande-son mérite une mention spéciale. Ce n’est pas un simple décor sonore, c’est la narration elle-même. Là où un Silent Hill vous raconte une histoire à travers le bruit d’un ventilateur qui grince, Metal Eden vous raconte la vôtre avec une double pédale qui vous écrase la poitrine. Vous n’avancez pas dans le jeu : vous êtes porté par lui, comme un spectateur dans un concert où la fosse devient marée humaine.

En ce sens, Metal Eden est peut-être plus proche d’un concert de métal que d’un FPS. On n’y va pas pour comprendre les paroles, ni pour chercher une intrigue cachée : on y va pour se laisser engloutir, pour ressentir le choc physique de la musique. Chaque frag est un accord, chaque sprint un solo, chaque mort un rappel.

Difficile de ne pas évoquer aussi d’autres formes d’art. Les sensations de jeu tiennent du déluge : une action sans temps mort, une chorégraphie violente où vos yeux deviennent la caméra et ne vous laissent jamais reprendre votre souffle. Tout est pensé pour que vous soyez happé dans un flot continu de vitesse et de violence, sans espace pour la subtilité ni la pause contemplative. Metal Eden ne raconte rien par les mots, mais tout par le mouvement pur : une ivresse brute, une narration physique qui s’imprime dans vos nerfs plutôt que dans votre mémoire.
MON AVIS
En quittant Metal Eden, on a l’impression d’avoir vécu un concert plus qu’un jeu. Les doigts tremblent, les oreilles bourdonnent, et pourtant on sourit. Pas parce qu’on a « fini » quelque chose, mais parce qu’on a été traversé. Comme une toile qu’on aurait secouée, comme un pogo qui vous laisse épuisé mais heureux. Et l’on se dit qu’Adam et Ève, franchement, auraient dû préférer le shotgun à la pomme.
TRÈS BIEN
Points forts
- Une vitesse et une fluidité qui rappellent les grandes heures des LANs d’antan.
- Un style visuel brutaliste qui évoque autant Kandinsky que Quake.
- Une bande-son métal qui n’accompagne pas le gameplay, mais le porte.
Points faibles
- Répétitivité assumée, qui peut lasser en longues sessions.
- Expérience courte : une transe, mais une transe limitée.
- Scénario et narration en retrait
Test effectué sur :
PC (Steam)