Il faut bien se l’avouer : si la guerre devait un jour se régler à coups de palets glissants sur une table en bois ciré, on vivrait dans un monde un peu plus drôle. Imaginez : l’ONU remplace ses tanks par des pichenettes. Les généraux s’entraînent sur Carrom et les conflits armés se résolvent à celui qui touche la triple bande avant le coin supérieur gauche. Eh bien Flick Shot Rogues, c’est un peu ça : un monde où les combats se jouent au doigt… mais pas à l’œil.
Plateformes : PC
Développeur : Butter By The Fish
Éditeur : Noodlecake
Sortie : 17 septembre 2025
Car ici, on ne se déplace pas avec des points d’action ou de vulgaires flèches directionnelles. On se propulse. On se frotte aux murs. On rebondit. On vise. Et on rate, souvent. C’est du Slay the Spire qui aurait glissé sur une plaque de verglas. C’est du Into the Breach en tong. Et pourtant, ça fonctionne. Merveilleusement.

Le principe est simple : vous choisissez votre personnage – un disque, littéralement – et vous partez à l’assaut d’arènes générées aléatoirement, peuplées de créatures tout aussi glissantes. Chaque tour, vous avez droit à une action : viser, tirer, rebondir, frapper, exploser. L’ennemi, lui, fait pareil. Et le monde devient un billard infernal où chaque erreur de trajectoire est une promesse de défaite prématurée.
Ce qui surprend, au-delà du plaisir tactile de lancer sa petite galette dans le tas, c’est la richesse tactique. On accumule des artefacts, des malédictions, des synergies absurdes (oui, on peut faire exploser les ennemis quand on leur tape dessus, puis rebondir sur les cendres pour regagner de la vie). Et peu à peu, le chaos devient stratégie. L’absurde devient logique. Le hasard se dompte. Jusqu’au moment où, bien sûr, on rate un tir crucial et on meurt comme un imbécile.

Visuellement, Flick Shot Rogues rappelle les jeux de société modernes : bords nets, couleurs douces, animations sobres. On pourrait presque y jouer sur une vraie table, entre deux parties de Kingdomino, avec du saucisson sec et un chat qui regarde les pions. Et le son ? Discret mais pertinent. Chaque impact a du poids. Chaque glissement a sa texture. C’est propre. Sans ostentation. Comme un bon whisky japonais.

Mais ne vous laissez pas tromper par la douceur de l’enrobage : le jeu est exigeant. Il punit. Il recommence. Il vous donne envie de faire juste une dernière run, puis une autre. Et encore une. Parce qu’il y a toujours une combinaison que vous n’avez pas essayée, un passif que vous n’avez pas compris, un ennemi qui vous a humilié.
Alors oui, parfois, Flick Shot Rogues vous pousse à hurler. Parce que vous avez mal visé. Parce que l’ennemi a rebondi d’une manière injuste. Parce que vous avez choisi la mauvaise amélioration. Mais jamais vous ne vous sentez trahi. Seulement… responsable.
C’est ce qui rend le jeu si accrocheur : il ne vous retient pas la main, mais il ne la lâche pas non plus. Il vous regarde droit dans les yeux et vous dit : « Allez, on refait une partie. Mais cette fois, essaye de ne pas rebondir dans les piques comme un gland. »
Et vous y retournez. Bien sûr que vous y retournez.
MON AVIS
Flick Shot Rogues aurait pu n’être qu’un mini-jeu à la physique marrante. Il est en réalité un petit bijou de design ludique, aussi rigoureux qu’absurde, aussi impitoyable que jouissif. Il vous fera pester, rire, réfléchir, puis recommencer. Encore. Et encore. Et encore. Il remplit sa mission et c’est très bien.
TRÈS BIEN
Points forts
- Le concept original et parfaitement exécuté
- Les synergies d’objets et de malédictions qui transforment chaque run en puzzle sadique
- Une prise en main instantanée, mais un potentiel de maîtrise surprenant
Points faibles
- Quelques imprécisions dans les tirs qui frustrent
- La difficulté peut grimper en flèche sans prévenir,
Test effectué sur :
PC (Steam)