Il existe, paraît-il, des îles volantes qui dérivent au-dessus des nuages, portées par des courants d’air tièdes et des rêves de marins disparus. On y raconte que des chats vivent là, paisiblement, entre deux éclats de soleil et trois vestiges d’un monde oublié. Certains disent que ces chats parlent, d’autres qu’ils vous observent. Tous s’accordent à dire qu’ils ne font jamais rien par hasard. C’est sur l’une de ces îles – ou peut-être toutes à la fois – que vous échouez. Pas comme un héros. Plutôt comme un colis fragile que l’océan aurait livré par erreur. Votre bateau a sombré, vous avez perdu la mémoire, et devant vous s’étend un territoire flottant, plein de ruines, de secrets, et surtout… de chats. Beaucoup trop de chats pour que ce soit une coïncidence.
Plateformes : PC
Développeur : PurrMurrMeow Games
Éditeur : PurrMurrMeow Games
Sortie : 28 août 2025
On pourrait croire, en lançant Cloud Cats’ Land, qu’on a mis la main sur un énième jeu “mignon”. Le genre de petit titre indie qui empile les pastels, les yeux ronds, les musiques douces et les mécaniques de puzzle gentillettes comme autant de coussins autour d’un vide sidéral. Mais ici, le mignon est un leurre. Derrière chaque ronronnement se cache un soupir. Et derrière chaque énigme, un aveu.
La première heure se déroule comme une promenade : on touche, on regarde, on glisse d’un décor à l’autre avec cette impression étrange d’être à la fois attendu et étranger. Les lieux semblent familiers, comme sortis d’un souvenir oublié : un phare solitaire, un marché désert, une forêt pétrifiée. Tout a un goût de fin de cycle. Comme si vous étiez le dernier visiteur d’un endroit que même le temps aurait déserté.
Et puis il y a les chats. Certains vous guident. D’autres vous observent. D’autres encore bloquent le chemin, par simple caprice. Ils sont les gardiens du rythme, les aiguilles d’une horloge dont vous ne comprenez pas encore les règles. Il ne s’agit pas ici de les apprivoiser, ni de les collectionner. Il s’agit plutôt de composer avec eux, comme on composerait avec les caprices du vent ou les sautes d’humeur d’un vieux bâtiment qui grince.
Les puzzles, eux, jouent la carte de la fluidité. On ne reste jamais bloqué bien longtemps. Et même si certaines énigmes frôlent la redite, on sent que le but n’est jamais de faire souffrir le joueur, mais de le faire réfléchir avec douceur, comme un chat qui vous pousse la patte pour vous montrer une corde à tirer. À noter : tout est conçu pour qu’on ne se sente jamais humilié par sa propre lenteur. Le jeu vous laisse le temps. Mieux : il vous offre le droit d’être lent.
La musique accompagne tout cela avec une discrétion admirable. Pas de violons excessifs ni de nappes mélodramatiques : juste ce qu’il faut pour vous faire croire que le silence est un choix, et non un manque. Graphiquement, c’est une caresse pour les yeux. Un monde aux bords doux, sans angles morts, sans agressivité. Les teintes changent avec les régions comme si l’île elle-même avait ses humeurs. C’est beau, sans forcer. C’est accueillant, sans mièvrerie.
Et pourtant, il y a quelque chose d’étrange dans ce calme. Une mélancolie subtile, qui s’infiltre peu à peu, comme une pluie fine. On découvre, en avançant, que ce monde a été habité. Qu’il a aimé, puis oublié. Les ruines ne sont pas là pour faire joli : elles racontent quelque chose. Quelque chose d’effacé. Quelque chose qu’on ne saura jamais vraiment, mais qui laisse un creux, comme une tasse encore tiède sur une table vide.
MON AVIS
Peut-être que Cloud Cats’ Land n’est pas un jeu à proprement parler. Peut-être que c’est une lettre. Une lettre adressée aux rêveurs fatigués, aux enfants devenus grands trop vite, à ceux qui aiment quand un jeu leur parle à voix basse. Il ne crie jamais. Il ne vous force pas à le finir. Il est simplement là, comme un chat sur un rebord de fenêtre : il vous regarde, il attend. Si vous partez, il ne dira rien. Mais si vous restez… il vous racontera quelque chose.
TRÈS BIEN
Points forts
- Une atmosphère douce et feutrée
- Des puzzles justes, jamais punitifs, avec une vraie logique interne.
- Une narration silencieuse, pleine de non-dits et de regards félins
Points faibles
- Une difficulté globalement trop timide
- Une traduction française parfois hasardeuse
- Une durée de vie modeste
Test effectué sur :
PC (Steam)