Le donjon de Naheulbeuk, l’amulette du désordre

INFO

2020 – PC
Genre – T-RPG
Joueurs – Solo
Développeur – Artefacts studio
Éditeur – Dear Villagers
PEGI n.c.
Testé sur PC

Et c’est ainsi, jeune aventurier, que vous allez lire un test épique sur un tactical RPG pas comme les autres. Prenez garde aux blagues graveleuses et à ne pas glisser sur les reflux gastriques d’un ogre qui mal digéré son quatre-heures. Vous allez traverser un donjon rempli de surprises et de bière à l’ours. De faquins et de poules. Ne voyez-vous pas venir cette joyeuse troupe pour vous tenir compagnie ? Mais revenez ! Mais merde c’est la cinquième fois ce matin ! C’est quoi votre putain de problème ? Et ma tune je vais la voir quand moi ? C’est à toi que je parle, derrière ton écran. Si tu n’aimes pas cet humour faut le dire tout de suite car le donjon de Naheulbeuk à en revendre. Tu es prévenu ô toi lecteur assidu ou de passage.

« Si ça sent, c’est mes bottes »
Connaissez-vous John Lang ? Non, il n’est pas le frère de Jack et cette vanne est usée jusqu’à la moelle. C’est en 2001, chez un ami de l’époque que j’ai découvert que internet pouvait être illimité et que les lolcats dirigeaient déjà le monde. C’est cette même année que Les Échos titrait « Le forfait Internet illimité peine à trouver sa place » et que John Lang lance une saga mp3 nommée Le Donjon de Naheulbeuk. C’est la première fois que je suivais une histoire sans les images depuis les contes de Marlène Jobert sur cassette audio. L’humour est omniprésent, les personnages ultra stéréotypés et donc parfaitement identifiables. Ils le sont d’ailleurs tellement qu’ils s’appellent par leur classe. Une petite présentation ?

Le Ranger
Il est à l’initiative de l’aventure et tente désespérément de calmer les conflits entre le nain et l’elfe. Avant, il rempaillait les chaises en bois mais l’envie de partir à l’aventure pris le dessus. Pas bien courageux, il se débrouille toujours pour esquiver les combats. Il ne le sera qu’à de très rare moments. C’est un très mauvais négociateur.

Le Barbare
Il ne porte qu’un pagne et l’odeur de ses pieds et redoutée par le reste du groupe. Il ne retire jamais ses bottes même pour prendre un bain. Il adore crier « baston ! » et considère que donner des coups d’épée dans la gueule est un art de vivre. Il vénère Crôm et considère les autres comme des mauviettes. Il déteste la poésie.

L’Elfe
Piètre archère, elle déteste le Nain mais adore les poneys et les framboises. Et elle déteste le Nain. Vraiment.

Le Nain
Sa force compense sa taille, il déteste l’Elfe et adore savater les poneys et sa hache. Et il déteste l’Elfe. Vraiment.

La Magicienne
Elle pratique la magie. Étonnant non ? Elle passe son temps à traduire les conneries de l’ogre car elle est la seule à le comprendre. Un accident de magie a changé sa voix à jamais et elle est rousse. Elle tente de rendre l’Elfe moins naïve mais les résultats ne sont clairement pas là. Sa magie d’attaque est très puissante.

L’Ogre
Il parle le borborygme primitif et la Magicienne est la seule à le comprendre. Il passe son temps à manger ou à chercher des trucs à manger. Il considère son aventure comme essentiellement gustative et pratique le lancer de nain lors des combats. Le Nain est bien évidemment consentant, surtout si c’est pour emmerder l’Elfe.

Le Voleur
En jeu il sera très utile pour éviter et désamorcer les pièges. Il est extrêmement discret et personne ne fait attention à lui. Il est fuyard et intelligent, ce qui n’est visiblement pas incompatible. De passage dans la saga mp3, il devient un personnage inhérent au groupe d’aventurier qui espère avoir droit à des chansons racontant leurs exploits.

Ta blague est aussi vide que le néant qui sépare tes oreilles
Nous déplaçons notre mauvaise troupe dans un monde en 3D en vue du dessus. On peut placer la caméra dans l’axe que l’on veut et zoomer ne servira pas à grand-chose à part ne plus rien voir du tout. J’ai donc abordé le jeu avec la vue la plus éloignée et donc, plus confortable pour moi. On enchaine les PNJ et les répliques de nos lurons ne manqueront pas de fuser. L’ensemble est vraiment très joli et le travail effectué sur l’ambiance est bon. J’ai senti comme un vent d’aventure me caresser le cuir chevelu et ça m’a plus suffisamment pour que je passe 60h dessus en prenant mon temps et en fouillant partout. En soit, ces phases-là sont simples et efficaces mais la vraie force de cette adaptation vidéoludique reste les combats.

C’est quoi un T-RPG ?
Le Tactical RPG est un système de combat au tour par tour où nos protagonistes et antagonistes évoluent sur une zone en damier pour effectuer des placements et attaques stratégiques. Chaque case représente en général un type de terrain qui a des caractéristiques qui influents sur le combat (destruction, déplacement, attaque, défense…). De même, l’orientation d’une attaque peut déterminer son impact ou sa puissance, nous parlerons ici d’attaque de flanc, de côté et bien évidemment de dos. C’est le voleur qui va être content. On peut aussi y inclure le lancer de nain mais je vous laisse surtout la surprise.

Baston !
L’idée du tactical RPG est cool sur le papier mais encore plus en pratique. On n’est pas simplement là pour bourriner comme un barbare en espérant que ça marche. Chaque combat va demander une tactique et bien placer ses compagnons sera capital pour gagner. Gestion des flancs, opportunité, esquive, parade et autres attaques à plusieurs viennent agrémenter des combats qui ne seront jamais simples et dans lesquels on prend beaucoup de plaisir. Bien évidemment chaque attaque va être accompagnée d’une réplique et nous avons le parfait mélange entre sourire en coin et réflexion. Mais tout n’est pas rose et c’est pourquoi je vais consacrer un paragraphe consacré aux petits points noirs que j’ai croisés.

Nain qui roule renverse sa mousse
Je vais rapidement passer sur les graphismes qui sont très propres et même peut-être un peu trop. On aurait peut-être aimé un côté un poil plus crasseux quand même les écuries traversées sont trop propres pour être digne de l’ambiance que dégage le donjon. On se console avec les chiottes et leurs quêtes surprenantes. Le doublage ne sera pas de qualité constante et reconnaitre facilement les voix de Franck Pitiot, Jacques Chambon, John Lang ou encore Bob Lennon, ce qui nous prouvera que ce dernier n’est pas le plus à l’aise dans l’exercice. Certaines réponses donnent vraiment l’impression d’avoir été ajouté au dernier moment et donc détaché de la ligne du dialogue. En d’autres termes, un dialogue peut parfois être un enchainement de répliques qui ne se répondent pas. C’est dommage. Je termine ce paragraphe qui fâche par les combats. Ils sont très bons mais manquent, à long terme, de folie. Le groupe de personnage donne vraiment beaucoup de possibilité et l’idée de pousser le délire un peu plus loin n’aurait dérangé personne. A titre de comparaison, Mario + les lapins crétins Kingdom Battle exploite mieux l’univers du jeu et ses possibilités. Tout ce que je viens d’énumérer rentre dans la catégorie du détail et ne gâche en rien un jeu qui est vraiment excellent. La petite équipe de Artefacts Studio a effectué un travail incroyable et je termine ce paragraphe rempli de mauvaises foi en leur tirant mon chapeau qui fait 3 mètres de large parce que je n’aime pas avoir le soleil dans les yeux.

N’empêche que s’il n’avait pas trois copains, et qu’il ne mesurait pas 2m10, je lui aurais meulé sa face !
Et la gestion de notre troupe ? Elle est des plus classique. On loot comme un crevard et on équipe nos personnages au mieux. Mention supra spéciale au menu qui est extrêmement claire et bien pensé. On n’est pas dans Windbound. Faire évoluer son équipe est gratifiant et même si les arbres de compétences semblent un peu légers, on trouve vraiment de quoi varier les plaisirs et monter en puissance. De plus, l’humour est omniprésent avec des descriptions d’objet digne d’un South Park le bâton de la vérité. On joint l’utile à l’agréable et c’est une fois de plus une excellente chose.

Mon avis
Artefacts Studio nous écrit ici une véritable lettre d’amour rédigé avec des stylos à paillettes, des stickers de poney le tout parfumé à l’eau de rose naine édition limité exclusivement vendu sous le manteau dans les sous-sols du donjon. C’est une sérénade où tout rime avec tout. Tout fan de cette merveilleuse saga mp3 se doit de compléter l’histoire par ce jeu. Alors tout n’est pas parfait, comme certain doublage, et manque d’audace à long terme pour les combats mais on se régale sans problème.

Respectueux et bien réalisé, cette transformation en jeu vidéo est une réussite indéniable.
EXCELLENT

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