Le Tiroir à Jeux : Bonjour Bryce et merci d’avoir accepté cette interview !
Bryce : Bonjour !
LTJ : Commençons tout de suite ! Si tu avais 12 ou 13 ans, un tiroir dans lequel tu rangerais une console, trois jeux et une VHS, lesquels ce serait ?
Bryce : A 13 ans, ce serait une Master System et les trois jeux seraient sur Master System puisque pour moi c’est la console où tout à commencer, pour moi en tout cas. Et les jeux ça serait Shinobi, Wonder Boy in Monsterland et R-type.
La VHS culte ce serait Terminator 2, c’est le film culte de mon adolescence avec Jurassic Park. Premier voyage au États-Unis, je l’ai vu en VO sur place, c’était l’euphorie, c’était les premiers effets spéciaux light and magic. J’en ai gardé un souvenir… je me souviens même d’avoir commandé des sweatshirts imprimés sur des magazines, les posters dans la chambre… !
LTJ : Et tiens, si on t’offre le choix de le revoir en VHS sur un tube cathodique ou en 4K sur grand écran ?
Bryce : Je pense que je me le referais sur un tube cathodique, je ne suis pas sûr que les films étaient prévus pour être vu en 4K à l’époque, je ne sais pas si ça rendrait si bien que ça.
LTJ : Tu penses que tu apprécierais plus l’ambiance de ce côté image qui craque de la VHS ?
Bryce : Ouais ! Ouais parce que finalement c’est toute une époque l’image qui craque, le magnétoscope, la bande… Enfin tout ça, c’est des souvenirs… Je me souviens de faire des copies de cassettes, j’avais deux magnétoscopes dans ma chambre, enfin tu vois ce genre de trucs. Pour la nostalgie, je pense que ça me plairait bien de le revoir comme ça, ça fait longtemps que j’ai pas vu une image sur un tube cathodique en fait maintenant que j’y pense.
LTJ : Tu as une idée du nombre de VHS que tu aurais de cette période ?
Bryce : J’en ai eu énormément et j’ai tout balancé quand les dvd sont arrivés. J’ai eu une centaine de films en cassette à l’époque, essentiellement des films que j’enregistrais sur Canal + et donc je les ai toutes jetées. Et là dernièrement je me suis mis à racheter les cassettes originales des films cultes, genre Terminator et Jurassic Park, tous les films des années 80 aussi comme les Goonies… J’en ai vraiment pas beaucoup pour le moment, je m’y suis mis récemment. Je dois en avoir une dizaine mais j’aimerai avoir 40 – 50 VHS, les films les plus cultissimes : Predator, le premier Terminator… Enfin tous ces films, plutôt action. J’étais pas très cérébral en termes de cinéma !
LTJ : Et ces films que tu recherches, ils étaient dans le lot que tu as jeté ?
Bryce : Eh ouais, bien sûr, ils étaient dans le lot ! Je les avais tous !
LTJ : Du coup, avec du recul, t’as pas l’impression de regretter d’avoir fait ça à l’arrivé du dvd ?
Bryce : Non pas du tout ! Si encore ça avait été les films originaux, ceux vendus dans le commerce que je rachète maintenant, là je l’aurais regretté ! Et moi je suis attaché à la boîte, au packaging, je cherche l’original. Ce que j’avais dans ma chambre, c’était des VHS où je mettais au feutre le nom du film dessus, ça me j’en fous honnêtement, ça m’est complètement égal par contre là d’avoir une collection de VHS, tu vois je suis en train de le faire donc c’est que ça me plait de les avoir !
LTJ : Tu as une immense collection, quel est ton secret ? Comment est venu ce nom BryceCorp ?
Bryce : Bryce, c’était mon surnom, je sais pas trop d’où ça vient, c’était des potes qui m’appelait comme ça ! Et quand j’ai commencé à habiter tout seul, pour déconner sur ma sonnette, j’avais mis Bryce Corporation, parce que c’était justement l’époque des Terminator, il y avait des « Corporation », des « Corp » partout, des grandes boîtes qui s’appelait comme ça aux Etats-Unis et ça me faisait rêver. Donc du coup voilà, sur ma sonnette il y avait marqué The Bryce Corporation et à force c’est devenu Bryce Corp et je l’ai gardé, voilà, c’est comme ça que ça s’est fait. Et c’était pas un surnom très connu à l’époque, pour les adresses mails tout ça, donc je l’ai gardé ! Ça sonne bien classe et ça a un côté mystérieux de grandes entreprises, de multinationales. On imagine un gros président bien véreux dans le bureau du dernier étage (rire)
LTJ : Une forme d’antichambre du collectionneur !
Bryce : Ouais voilà, ça vient de là ! Et alors mon secret pour avoir cette collection c’est que j’étais là au bon moment. Il y a 20 ans, même plus, en 94 j’étais déjà un petit peu collectionneur mais juste comme ça et le magasin Ultima m’a proposé de travailler pour eux à mi-temps comme j’étais étudiant. C’était un peu mon rêve de travailler dans ce milieu-là donc j’ai accepté. Et là, déjà le fait d’être dans un magasin de jeux vidéo ben tu fais les reprises, tu sais des gens qui te ramènent des jeux d’occasion, donc entre mes mains j’avais déjà beaucoup de choix de jeux pour pas cher puisque quand on les reprenait, on les reprenait évidemment pas très cher et moi je les rachetais au prix de rachat donc j’ai acheté beaucoup de jeux d’occasion pour très peu cher. Ça a été le début pour agrandir ma collection relativement vite, plus le fait que, comme on était le leader de l’import à ce moment-là sur Toulouse, tous les acheteurs d’import passaient par moi pour revendre leurs jeux et avoir des renseignements et quand ils voulaient revendre une vieille console ou un truc comme ça ils passaient me voir et me dire « Tiens au fait, là je me débarrasse de ça », parce qu’à l’époque on se débarrassait des consoles. A cette époque-là j’ai racheté des jeux 10 francs, neufs sous boîte. Genre les jeux NES, des jeux comme Chip ‘n’ Dale, Duck Tales, Zelda, Mario et tout ça, je les ai racheté entre 5 et 10 francs. J’ai repris beaucoup de choses pour presque rien et puis après je me suis lancé et j’ai créé ma boîte d’import un peu plus tard, je suis allé vivre au Japon et je vendais des jeux d’import aux boutiques spécialisées françaises depuis le Japon. Je faisais des allers-retours en France. Et là sur place, j’avais accès à tout ! Pour l’époque où j’y étais, ça coutait rien du tout. Il y avait très peu d’étrangers et il n’y avait pas ce marché de la collection comme il y a maintenant. En plus de ça, un de mes secrets c’est que comme j’achetais des grosses quantités dans les boutiques, avec les commerçants par exemple, j’achetais 10 jeux et j’en gardais un pour moi gratos. Du coup, en fait il y a une très grosse partie de ma collection que j’ai pas vraiment payé avec de l’argent. J’ai troqué, échangé, dealé avec un deal global. J’y allais pour acheter beaucoup de matériel donc les mecs m’offraient à peu près tout ce que je voulais. C’est pour ça qu’en fait, même sans argent, j’ai pu avoir beaucoup de produits finalement. C’est le fait d’avoir ma propre société, d’être à l’origine de ce business que j’ai créé moi, je suis allé au Japon pour le créer moi-même, j’avais pas un patron qui me disait comment faire donc j’ai pu faire comme je voulais.
LTJ : Et tu es toujours actif ?
Bryce : Oui oui, mais je ne suis plus dans le milieu du jeu vidéo. J’ai été dans le jeu vidéo pendant à peu près 10 ans mais maintenant je suis dans la vente de figurines.
LTJ : Tu as un univers et souvent on te voit dans tes photos de dos avec une Saturn que tu portes comme un sac à dos. Comment décrire cet univers ? Est-ce que quand tu t’habilles comme ça, tu rentres dans un autre monde ?
Bryce : Oui c’est un peu mon avatar, comme j’ai décidé de ne jamais me montrer sur les réseaux sociaux, que mon visage n’apparaisse jamais, parce que je n’ai pas confiance dans les réseaux sociaux. C’est une première chose mais c’est pas que pour ça. J’aime bien le mystère, c’est quelque chose qui moi m’a toujours intéressé. J’ai toujours aimé les artistes un peu mystérieux, les gens qui n’étalaient pas leur vie. J’étale ma collection, c’est ma collection que je mets en avant mais jamais trop ma vie personnelle sur les réseaux donc voilà, c’est ce personnage-là qui me permet si tu veux de faire mes petits délires. Un genre de cosplay de BryceCorp ! Ce sac Saturn, à la base il y a un personnage si je me souviens bien dans Virtual-On, c’est des combats de robots. J’y ai pas vraiment joué mais je le vendais et j’ai vu des gens y jouer et un des robots portait une Sega Saturn blanche dans son dos. J’ai trouvé ça génial comme référence à la Saturn ! Du coup, j’ai fait la même chose avec un sac à dos pour délirer avec un pote, on faisait les cons avec ! Je l’ai modernisé maintenant, il n’a plus de lanières. J’ai une plaque métallique sur l’autre côté du vêtement et paf il s’aimante à travers le vêtement et je peux le mettre sur n’importe quelle surface ! Et je suis en train de créer la même chose avec une MegaDrive
LTJ : La Dreamcast a très récemment fêté ses 20 ans, quand elle est sortie, tu étais où, tu faisais quoi ?
Bryce : Alors un peu avant la sortie de la Dreamcast … en août 1998 j’étais à Hong-Kong, c’était mon premier voyage en Asie et à ce moment-là sortait le premier accessoire Dreamcast. Il y a une visual memory qui est sortie 6 mois avant la console. C’est une édition spéciale de la VM qui était l’édition Gozilla et la particularité de cette VM c’est qu’elle est sortie avant la console, je pense que c’était un outil publicitaire pour donner envie, une espèce de teaser pour que la sauce commence à monter autour de la Dreamcast. Moi j’étais comme un fou d’avoir un accessoire Dreamcast alors que la console était même pas encore sortie ! Je m’en souviens encore comme si c’était hier, d’avoir cette VM en main, je bouillonnais en attendant de pouvoir l’utiliser, c’était fabuleux comme idée, je trouve ça génial. C’est comme si on sortait une manette de la PlayStation 5 là maintenant. C’est toute une émulsion autour de la sortie. Ça c’était quelques mois avant la sortie de la Dreamcast et du coup, quand elle est sortie au Japon, c’était en décembre, c’était la période où je travaillais en magasin de jeux vidéo et c’était la très forte période de vente et donc j’ai pas pu trouver un moment pour partir au Japon. On a reçu des consoles imports à la boutique, j’en ai vendu à des clients le jour de la sortie. En parallèle de ça, mon pote gamer de l’époque qui avait la chance d’avoir sa mère qui travaillait chez Air France, a pu avoir un billet d’avion pour une misère. Il a fait un aller-retour à Tokyo le jour de la sortie de la Dreamcast pour aller l’acheter et revenir avec la console. D’ailleurs il me l’a revendu juste après, donc je l’ai eu comme ça, en version japonaise. Je l’ai d’abord eut en magasin pour la sortie, elle était d’ailleurs hors de prix et en second temps avec mon pote qui était allé la chercher pour moi au Japon, à Tokyo. Et j’ai fais mon premier voyage au Japon 6 mois après la sortie de la Dreamcast, mais ça c’est une autre histoire, pour la sortie de Shenmue.
LTJ : Quel a été ton premier contact avec la Dreamcast, quel a été le premier jeu auquel tu as joué dessus ?
Bryce : Virtua Fighter 3tb, c’est ce que mon pote avait ramené avec la console et, bon c’était pas une daube mais il était pas fabuleux, je crois que c’était Pen Pen. La Dreamcast est sortie en novembre et Sonic Adventure est sorti un mois après, en décembre. Je me souviens j’ai encore la photo de l’arbre de Noël où je l’ai eu, le 25 décembre 1998. Et ça c’est mon vrai premier souvenir de jeu Dreamcast, parce que bon Virtua Fighter c’était sympa mais on l’avait déjà eu en arcade donc bon c’était juste une conversion alors que là, Sonic Adventures moi j’ai pris une grosse claque. C’était incroyable, il faut se souvenir aussi qu’en 98 il n’y avait pas d’internet haut débit, on pouvait pas voir de vidéo de gameplay ou des trailers comme on voit maintenant. Les jeux, on avait vu des photos dans les magazines mais on ne voyait pas trop le gameplay tourner à moins qu’il soit dans des cassettes vidéo vendues avec les magazines Console + mais sinon moi quand j’ai mis Sonic dans ma console j’ai pris une claque. Voir de la 3D comme ça, aussi fluide aussi belle, c’était la première fois que je voyais un jeu aussi grandiose.
LTJ : Je suppose que tu en as profité pour mettre ta VM dans ta manette ?
Bryce : Ça j’ai pas vraiment de souvenirs. Il y a eu plusieurs jeux qui avaient une vraie interaction avec la VM, des fois ils essayaient de mettre un contenu vraiment exclusif à la VM. Après honnêtement la VM, à la fois c’était génial comme idée mais c’était trop limité pour qu’on puisse véritablement en profiter. Faut être honnête, c’était génial, l’idée était fabuleuse, la petite croix directionnelle avec ces boutons c’était incroyable comme idée, le fait de les connecter entre elles c’était fabuleux mais bon d’un côté on avait le jeu avec des graphismes de fou et puis là on repassait sur des Tamagotchi, donc j’ai pas trop accroché au contenu des VM.
LTJ : Tu aimes les boîtes, les beaux objets. Cette forme de démocratisation du dématérialisé ne pourrait-elle pas tuer ces beaux objets ?
Bryce : Alors non, moi je pense pas. Je pense que c’est la logique implacable des choses : la dématérialisation ce sera un standard. Moi depuis la PlayStation, les boîtes, je m’en tape complètement. Pour moi avec l’arrivée de Photoshop ça a été la fin du packaging tel que moi je le vois. Pour moi, les beaux objets, ils ont été créés avant l’avènement de Photoshop c’est-à-dire jusqu’à la Dreamcast, la PlayStation 1 là il y avait encore de beaux objets, de beaux packagings, Après on est rentré dans une ère nouvelle de type de packaging qui moi ne me correspond pas du tout. Alors je te parle même pas des jeux de maintenant, les Call of Duty, même tous les jeux récents qui sortent, God of War et tout ce que tu veux, pour moi c’est insignifiant l’objet. Je joue encore à ces jeux récents mais je me fous complètement de les avoir en démat ou en physique, ça n’a plus aucune importance. Pour moi c’est déjà acté, la démat elle existe, elle est là. Sauf pour les éditions collector, il y a encore quelques fois de belles boîtes collector comme Octopath Traveller qui est sorti sur la Switch avec un beau coffret, vraiment bien fait, ça ça me plait encore mais le jeu de base, comme ça, pour moi c’est fini. Mon sens moi de la collection, puisque tu me posais la question, je suis plus un collectionneur d’objets que de jeux vidéo. C’est-à-dire que j’achète des jeux pour la boîte plus que pour le jeu lui-même. 90% des jeux que j’ai dans ma collection, enfin 90 peut-être pas mais au moins la moitié ou plus, je n’y ai jamais joué ! Il y a plein de jeux que j’ai acheté parce que la boîte est belle et que je trouve l’objet magnifique et qu’il correspond à mes critères graphiques. Ça tu vois par contre les gamers quand ils entendent ça ils me tombent dessus et ils me disent « T’achètes des jeux, t’y joues même pas !! » Oui, ça m’arrive, voilà ! Mais c’est ça ma vision du truc et je pense que la démat c’est inéluctable. Mais pour revenir à ta question, ça ne tuera pas du tout, au contraire, tous ces objets de cette époque où le packaging était la star du jeu. Tu regardais la boîte, tu savais pas ce que c’était et t’achetais le jeu parce que la boîte elle te tapait dans l’œil. Moi j’ai acheté plein de jeux comme ça quand j’étais jeune. Du coup justement, c’est aussi ça le rétro gaming, c’est cette époque où t’achetais un objet avec un peintre qui avait fait la jaquette et pas un mec sous Photoshop.
LTJ : Et justement, est-ce que tu pourrais définir cette frontière ? A quel moment tu t’es dit, à partir de quelle console tu t’es dit que les boîtes ne t’intéressaient plus, que ce que tu collectionnes est derrière toi ?
Bryce : Avec l’arrêt de la Dreamcast, la fin de Sega en temps que créateur de consoles, pour moi ça signe la fin d’une époque. C’est arrivé avec le commencement d’internet, des ventes en ligne, là pour moi il y a une époque qui était finie, l’époque des magazines. On achetait plus de magazine, on lisait les tests sur internet, on allait moins en boutique parce qu’on commençait déjà à acheter sur internet au Japon ou ailleurs. Toute cette époque ça a été un changement de packaging, de moins en moins de notice qualitative, belles, en couleurs, peinte. Maintenant t’achète un jeu il n’y a même plus de notice, c’est pathétique. Les jeux Switch, je les achète encore en boîte parce que malgré tout j’aime bien encore acheter des jeux en boîte mais honnêtement les trois quarts n’ont même pas une notice, c’est quand même fou !
LTJ : C’est vrai, la dernière belle notice que j’ai eut entre les mains, c’est Shovel Knight !
Bryce : Eh ouais ! Parce que c’est typiquement un jeu qui s’adresse au rétro-gameurs. Il reprend tous les codes du rétro-gaming, tous les codes des jeux de l’époque donc forcément, c’est un peu comme quand les mecs de Lizardcube ressortent une édition de Wonder Boy. Ils ont fait en sorte de plaire aux fans, c’est une édition avec double jaquette où tu peux reprendre la jaquette de la Game Gear qui est très belle avec une notice, avec des dessins, des cartes, des goodies parce que ça s’adresse à une clientèle où si tu leur met pas la notice les mecs vont se dire « qu’est-ce que c’est que ces branleurs qui utilisent le nom Wonder Boy et qui sont même pas foutu de mettre une notice ! » !
LTJ : Avec des jeux comme Shovel Knight justement et ce pixel-art, est-ce que tu penses que ce retour au pixel pourrait emmener les joueurs de la nouvelle génération à jeter un coup d’œil à ce qu’il se faisait avant, est-ce que ça pourrait ouvrir des portes au vrai rétro-gaming ?
Bryce : Ah mais oui, mais carrément ! Moi je suis même persuadé que c’est déjà le cas. Je vois les jeunes, j’ai une fille de 7 ans elle adore jouer aux jeux rétro en pixel-art. Un peu moins que les jeux NES et de la Master System parce que c’était le début et à part moi la nostalgie que j’ai pour ces consoles graphiquement, ça pique un peu les yeux quand même. Mais dès que tu passes sur Mega Drive ou Super Nintendo, là t’as des chefs-d’œuvre en 2D. Tu mets un Castle of Illusion ou un Aladdin sur Mega Drive ou Super Nintendo, tous ces jeux là les mecs c’était des tueurs de l’espace en pixel art. Mais du coup, ça, ça n’a pas vieilli pour moi, ce sont des jeux qui ne vieillissent pas et au contraire qui ont encore une âme et ça plait aux jeunes ces jeux-là, mais je sais pas si ça plait aux joueurs de Fortnite ! Mais à ceux qui aiment tous les jeux vidéo, je pense que ça leur plait
LTJ : D’après toi, est-ce que la Super NES n’avait pas atteint une proposition graphique inoxydable ? Est-ce qu’au final, le dernier Rockstar va sur la durée tenir aussi bien qu’un Super Mario World ?
Bryce : Ah ben non ! Pas du tout ! Déjà parce que quand tu vois Red Dead Redemption 2, tu te fais chier à faire du cheval pendant 3 heures ! T’en prends plein la gueule, les graphismes c’est whaou, c’est magnifique mais qu’est-ce qu’on s’emmerde ! Et le dernier jeu « moderne » sur lequel j’ai pleuré de bonheur en y jouant c’est Zelda Breath of the Wild, ça c’est pour moi un chef-d’œuvre absolu, j’avais pas pris un pied comme dans le jeu vidéo depuis 15 ans. Et donc pour revenir à ta question, est-ce que la quintessence de la 2D a été atteinte avec la Super Nintendo, la réponse est clairement oui. Mais même la Mega Drive, quand tu prends le premier Sonic, alors effectivement il y a moins de dégradé que sur un jeu Super Nintendo, peut-être moins de finesse sur certains trucs, par contre tout est parfait graphiquement, c’est un bonheur de regarder un jeu comme ça. C’est tellement beau, ça vieilli pas du tout. Mais vraiment la quintessence, c’est la Neo Geo et l’équipe de développement des Metal Slug. Les plus beaux jeux 2D qui existent sur la planète pour moi c’est Metal Slug 3 et Blazing Star, là les mecs c’étaient des tueurs de la 2D ! Mais tu vois je suis pas fan des jeux en soit mais ils me faisaient rêver graphiquement, c’était parfait à ce niveau-là. Et la Super Nintendo, c’était parfait aussi !
LTJ : Est-ce que tu penses que ça se ressent plus pour le joueur quand les programmeurs se font plaisir ? Est-ce qu’avec les AAA on n’est pas tombé dans un produit moins passionné qu’un jeu créer par une petite équipe ?
Bryce : Je ne crois pas que ce soit sur le même plan. Les deux sont des jeux vidéo mais en fait pour moi ça n’a rien à voir. Le seul point commun c’est qu’on met le jeu dans la console et qu’il y a une manette pour y jouer mais c’est pas du tout la même approche. Quand tu joues aux jeux récents, God of War tu vois j’avais bien aimé les premiers God of War, je sature trop de boutons, trop de tutoriels, trop de menus partout. Red Dead c’est pareil, t’as 100 000 boutons, il te faut trois heures pour apprendre à les utiliser, ça me saoule ! Alors que les jeux d’époque, tu prends la manette, tu branches, t’appuie, il n’y a pas de mise à jour du jeu, il était complet, il marchait, il fallait pas attendre trois mises à jour pour y jouer donc t’avais une facilité de jeu ! Voilà, tu jouais et c’est parti ! Alors après, effectivement il y a des trucs maintenant qu’on peut plus trop refaire. Genre les RPG 16-bits et 32-bits, toutes les générations que je collectionne, j’étais un joueur invétéré de RPG mais je peux plus maintenant me taper des heures de combat où il ne se passe rien pour faire monter ton XP, tu vois ça je peux plus le faire, ça m’ennuie. Alors qu’à une époque j’ai adoré le faire ! Je passais des heures dans ma chambre à tourner en rond dans une map pour faire des fight et augmenter mes compétences. C’était quelque chose qu’on faisait et qu’on aimait faire. La nostalgie de revoir des jeux de l’époque elle est là mais par contre d’y jouer, on peut plus trop y jouer parce que c’est lourd. Mais maintenant ce qu’il reste de cette époque c’est quand même le plaisir de jouer à un jeu de plateforme old-school, mais il faut que ce soit facile à jouer. Les jeux « modernes » rentrent dans le détail mais du coup vu que tu vas très loin dans le détail, c’est très complexe. Ça s’adresse peut-être à ce nouveau public qui joue en ligne avec des casques et des claviers avec 200 boutons et des souris à 800 boutons mais moi je joue pas à ça, c’est pas mon délire. Mais les deux sont biens, c’est deux mondes parallèles. Je pense qu’un joueur de Call of Duty en ligne, je sais pas si c’est quelqu’un qui va s’amuser sur un jeu rétro par exemple, je suis pas sûr, je sais pas, c’est tellement différent !
Pour moi la meilleure manette jamais faite c’est celle de Super Nintendo : deux boutons sur la tranche, quatre boutons accessibles avec deux pouces, une croix directionnelle, elle était parfaite ! Après on a modernisé, avec la Playstation et les dualshock, c’était bien mais bon… Après pour le côté rétro, la génération PlayStation, en fait les premiers jeux 3D là c’est imbuvable, je peux plus y jouer !
LTJ : On arrive à la dernière question : NES Mini, Super Nintendo Mini, PlayStation Classic, il y a une forme de vague de ces mini consoles rétro qu’en penses-tu ? Est-ce que c’est une porte ouverte pour que toute une génération puisse découvrir ces jeux ou c’est juste Nintendo et PlayStation qui surfent sur notre nostalgie ?
Bryce : Moi je trouve ça plutôt bien et pas si cher que ça. Quand t’achète une console entre 60 et 80 euros avec une vingtaine de jeux préinstallés dedans pour moi c’est le juste prix. Même la Neo Geo Mini qui vient de sortir, elle a été décriée par les fans, moi je trouve que c’est un bel objet. Il y a un écran plutôt de bonne facture avec 40 jeux dedans, on peut brancher des manettes, la brancher en HDMI direct classique… Parce que c’est bien beau d’être un joueur de rétro-gaming mais si tu veux brancher un Mega-cd, il faut le transfo, il faut un écran à tube, il faut y aller pour y jouer. Alors que là tu peux retrouver les sensations d’enfance facilement avec des filtres qui permettent d’avoir un rendu sur écran plat plutôt bon je trouve. Moi j’adore, je suis assez fan de ces consoles, je les ai achetés. La Super Nintendo je l’ai même dans les trois versions : Super Famicom Mini, Super Nintendo Mini et la Super Nintendo US Mini. Pour moi ça n’a rien à voir avec le collectionneur de rétro-gaming, c’est juste pour jouer
LTJ : Et est-ce que d’après toi ça peut intéressant pour une personne qui souhaite découvrir cette génération ?
Bryce : Je ne pense pas que ça s’adresse vraiment à ces gens-là. Je pense que ça s’adresse à des personnes qui ont eut les consoles à l’époque et qui veulent retrouver des sensations de jeux de cette époque-là sans trop se faire chier à brancher une PlayStation qui a un loading de trois heures pour qu’elle se lance, des câbles pas adaptés aux télés modernes, des lecteurs optiques vieillissant, c’est des trucs qu’on aiment pas dans le rétro-gaming, le côté galère. Pour tout te dire, quand je joue à mes jeux rétro, j’y joue sur une Retro Freak. C’est-à-dire que c’est branché en HDMI sur un écran, je mets les jeux originaux dedans, c’est pas des émulateurs, c’est donc des cartouches originales mais avec le confort moderne ! Après comme pour la VHS si tu veux retrouver le grain de l’époque, brancher une télé à tube cathodique c’est chouette mais c’est pas très pratique !
LTJ : C’est sur ces quelques mots qu’on se quitte ! Merci beaucoup pour cette super entrevue !
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