WORMS ARMAGEDDON ANNIVERSARY EDITION

À l’origine, Dieu créa la lumière, les océans, et quelques petits vers inoffensifs pour aérer le compost. Puis quelque part dans les années 90, un développeur anglais s’est demandé : “Et si ces vers se foutaient joyeusement sur la gueule avec des bazookas, des moutons explosifs et des bananes nucléaires ?”.
Le reste, comme disent les historiens du canapé, c’est du multi local.

Informations du Jeu

Plateformes : Nintendo Switch, Xbox One, Xbox Series, PS4, PS5

Développeur : TEAM 17

Éditeur : TEAM 17

Sortie : 9 septembre 2024

l y a des jeux qu’on lance pour passer le temps. D’autres pour s’évader. Worms Armageddon, lui, c’est une capsule temporelle. Une sorte de machine à rire, à trahir et à crier vengeance dans le même souffle. Et voilà qu’en 2024, les vers reprennent du service sur PS5 dans une Anniversary Edition qui sent bon la naphtaline, la pizza froide et les soirées écran cathodique. Un portage trop respectueux ? Peut-être. Mais touchait-on à l’essentiel sans en briser la magie ?

Ne tournons pas autour du pâté (de vers) : Worms Armageddon Anniversary Edition sur PS5, c’est le jeu de 1999. Un lifting HD, quelques options d’accessibilité, du multijoueur en ligne stable comme un âne mort, et une compatibilité DualSense pas vraiment exploitée. On est loin du remake, et encore plus d’une réinvention. Ici, la Team17 a choisi la voie du silence : ne pas toucher, ou si peu qu’on n’y voit que du feu (sacré). Parce que Worms, c’est sacré.

Et pourtant, ils auraient pu… moderniser le gameplay, revoir le pathfinding des boudins pixelisés, corriger les collisions lunaires, ou même proposer des contrôles un peu plus souples pour les néophytes. Mais non. Pas touche. Et on comprend un peu pourquoi : Worms Armageddon, dans sa folie et son archaïsme, c’est une expérience collective ancrée dans la moelle des vieux joueurs. C’est un rythme, une inertie, une absurdité crasse. En la polissant, on aurait peut-être tout gâché.

Et puis il y a ce joli clin d’œil dans la mise à jour : un petit musée jouable, une machine à remonter le fun. On y retrouve les versions Worms Super NES et Genesis/Mega Drive, ainsi que Worms World Party sur Game Boy Advance. Des curiosités d’époque, imparfaites, brinquebalantes, mais adorables. On s’émerveille un peu, on rigole beaucoup. On redécouvre des interfaces trop petites, des musiques midi qui grésillent, et des pixels qui piquent les yeux… mais admettons-le : on ne décroche pas.

Et pour les impatients, la Team17 a même exaucé un vœu communautaire vieux comme le monde : l’ajout du légendaire code ‘Boggy B’, désormais activable dans les options, qui débloque tout le contenu d’un seul coup. Une triche assumée, officielle, célébrée. Une petite tape sur l’épaule pour les vétérans qui n’ont plus le temps de grinder les campagnes, mais qui veulent tout avoir, tout de suite. Merci, les gars.

Il y a des jeux avec des scénarios profonds, nuancés, subtils. Et puis il y a Seafrog, qui te balance quelques scènes cryptiques entre deux niveaux, avec des personnages muets, des textes symboliques et des visuels dignes d’un musée moderne sous acide. C’est volontairement flou, souvent abscons, et complètement assumé. Si tu cherches de la narration classique, passe ton chemin. Si tu veux de la poésie amphibienne métaphysique, bienvenue.

Et puis surtout — surtout — il y a ce détail qui change tout et qui fait toute la magie : on peut jouer à autant de joueurs qu’on veut avec une seule manette. Pas besoin de manettes supplémentaires, de profils PSN ni de comptes en ligne. Juste une manette qui fait le tour du canapé, un nom débile pour chaque équipe, et le bruit du soda qui pique le nez.

C’est la convivialité à l’état pur. Le gameplay à l’ancienne, pensé pour les vraies soirées, celles où on se met des coups de coude dans les côtes quand quelqu’un rate un backflip. Pas de micro, pas de latence, pas de matchmaking : juste des gens dans la même pièce, du rire gras et des mines mal placées.
Fuck le jeu en ligne. Vive les crasses IRL et la pizza froide.

Peut-être qu’en 2024, Worms Armageddon est trop vieux, trop rigide, trop désuet. Mais c’est aussi un jeu qui n’a jamais eu besoin d’un moteur physique réaliste, ni de dialogues ciselés. Tout tient dans un saut raté, une grenade qui rebondit trois fois de trop, et un cri de rage dans le salon.

Et puis il y a les noms. On les tape toujours un par un, en rigolant bêtement : “Jean-Mi”, “Tata_Suzon”, “FrançoisLamerde”. L’escouade de la lose. On les regarde s’exploser la tronche avec un bazooka. On rigole. Et on oublie le reste.

MON AVIS
Worms Armageddon Anniversary Edition sur PS5 ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il vise droit au cœur des anciens, de ceux qui se souviennent encore de l’exacte trajectoire d’un mouton explosif. Il aurait pu évoluer. Mais quand on touche trop, les gens gueulent. Et quand on ne touche pas… aussi. Alors tant pis : on rejoue, on rit, on meurt, on recommence. Comme avant. Et ensemble.

BOGGY B /20

Critique

Points forts

  • Le respect total (à la limite du fétichisme) du jeu d’origine
  • Le contenu rétro bonus : SNES, Mega Drive, GBA…
  • Le mode canapé à une seule manette : le multijoueur parfait

Points faibles

  • Le manque de nouveautés ou d’ambition pour les néophytes
  • Les contrôles un peu raides, surtout à la manette
  • L’absence totale de prise de risque… et donc d’élan

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