Il y a des jeux qui brillent par leur ambition, d’autres par leur modestie. Chronicles of the Wolf fait un choix plus rare : il se glisse dans les ombres d’un grand frère — Castlevania: Symphony of the Night — et tente, non pas de le surpasser, mais de l’honorer. L’exercice est périlleux. Il faut du respect, un peu d’orgueil, beaucoup de cœur. Et ce cœur-là, Chronicles of the Wolf en déborde.
Plateformes : PC, SWITCH, ONE, SERIES, PS4, PS5
Développeur : Migami Games
Éditeur : PQube
Sortie : 19 juin 2025
L’histoire commence dans une France du XVIIIe siècle revisitée à la sauce gothico-mystique. Mateo Lombardo, apprenti des Rose-Croix, est envoyé enquêter sur une série de meurtres sauvages dans le Gévaudan. Oui, ce Gévaudan-là. Le jeu ne s’embarrasse pas de nuances : ruelles embrumées, manoirs en ruine, cryptes gorgées de monstres… La direction artistique, en pixel art soigné, rappelle l’élégance d’un Vampire’s Kiss en version NES. Ça sent l’encens, le vieux bois et le sang séché.
La narration, elle, emprunte aux codes du conte : voix off, dialogues dramatiques, protagoniste torturé. Le doublage anglais, avec Robert Belgrade (voix d’Alucard dans Symphony of the Night), est parfois théâtral à outrance, mais ça fonctionne. On est là pour ça, après tout : les grands mots, les capes noires, les mystères anciens.

Le gameplay, c’est du métroidvania à l’ancienne : on explore un monde interconnecté, on débloque des objets-clés, on obtient des pouvoirs (dash, double saut, projectiles), on revient sur ses pas, on s’enfonce plus loin. Rien de nouveau, mais une exécution propre. L’accent est mis sur le rythme : Chronicles of the Wolf est plus rapide que ses modèles, parfois nerveux, parfois injuste.
Les combats sont rigides, oui — il faut anticiper, accepter un certain inertie dans les animations, comme dans Castlevania III. Les boss frappent fort, certains ennemis poppent dans des angles morts, les checkpoints sont parfois cruels. Mais on apprend. Et petit à petit, comme à l’époque, le corps s’adapte. On cesse de courir. On observe. On frappe juste.

Là où le jeu séduit vraiment, c’est dans son atmosphère. L’univers est cohérent, visuellement riche. Chaque zone a son identité : forêt maudite, village assiégé, cathédrale éventrée… Le pixel art fourmille de détails, avec des éclairages subtils, des animations d’ambiance, des effets discrets (pluie, fumée, lumières vacillantes) qui donnent vie à un monde figé. C’est du rétro avec une touche de raffinement moderne.
La musique, signée Óscar Araujo (Castlevania: Lords of Shadow) et Jeffrey Montoya, mélange clavecins hantés et nappes mélancoliques. C’est sombre, parfois oppressant, souvent magnifique. Les silences sont pesants, les ambiances sonores renforcent cette sensation de solitude mystique.

Mais tout n’est pas parfait. À force d’être fidèle au passé, Chronicles of the Wolf oublie parfois de vivre avec son temps. Pas de carte interactive, pas de journal de quêtes, des menus un peu raides, des raccourcis clavier pas toujours intuitifs. C’est un choix artistique, certes. Mais certains joueurs y verront une forme de paresse.

La courbe de difficulté, elle aussi, aurait gagné à être mieux lissée : certains pics sont frustrants, surtout quand on doit retraverser des zones entières après un game over sec. Et le système d’amélioration du personnage, bien qu’efficace, manque de lisibilité.
Enfin, le jeu souffre d’un léger problème de rythme dans sa deuxième moitié. L’exploration devient plus mécanique, les objectifs moins clairs, et on sent poindre un peu de répétition. Rien de dramatique — mais assez pour casser, un instant, l’élan romantique.
MON AVIS
Chronicles of the Wolf ne cherche pas à réinventer la roue. Il la polit, la chérit, la fait tourner sur des routes qu’on connaît par cœur. C’est un hommage sincère, habité par l’amour du genre et porté par une direction artistique forte.
Un jeu à jouer le soir, de préférence seul, avec un casque, et la lune pour témoin.
TRÈS BIEN
Points forts
- L’univers gothique somptueux et cohérent
- Le pixel art détaillé, à la fois rétro et élégant
- La bande-son sublime et enveloppante
Points faibles
- Les combats parfois trop rigides
- Quelques déséquilibres de difficulté
Je viens de lire ton avis sur Chronicles of the Wolf et ça m’a bien donné envie de m’y intéresser, même si je ne connaissais pas du tout ce jeu avant. Le mélange entre la France du XVIIIe siècle et l’ambiance gothique a l’air super immersif. Par contre, l’absence de carte interactive et la difficulté que tu décris me font un peu hésiter, je ne suis pas forcément fan de devoir retraverser de longues zones après un échec. En revanche, le pixel art détaillé et la musique avec clavecins, ça, ça me parle ! J’aime quand un jeu mise sur l’atmosphère pour accrocher le joueur. Ça contribue à l’immersion et je trouve qu’il n’y a rien de mieux. Je me demande juste si les combats rigides que tu mentionnes ne risquent pas de casser le rythme, surtout dans un métroidvania où la fluidité compte beaucoup. Je pense quand même lui laisser sa chance, ne serait-ce que pour voir ce que ce côté rétro assumé donne manette en main.
Bonsoir et merci pour ton commentaire !
Ce jeu c’est les conditions des consoles rétro qui te ramènent au menu principal comme Game Over. C’est frustrant, sans parler d’une certaine rigidité qui peux nous faire perdre trop vite notre précieuse vie. C’est le charme et l’inconvénient.