À première vue, Quantum Witch se présente comme un jeu d’aventure rétro en pixel art, teinté de souffre et de saletés de brebis perdues. Derriere ce vernis apparemment naïf se cache un récit queer, autobiographique, et profondément critique, porté par une narration à embranchements multiples et un ton entre les lazzis Spectrum des années 80 et la satire douce d’un monde en pleine crise d’identité.
Plateformes : PC
Développeur : NikkiJay
Éditeur : NikkiJay
Sortie : 24 juin 2025
Le joueur incarne Ren, une bergère pixellisée vivant dans Hus, un village paisible où la perte de ses faer — créatures étranges plus mouton que magies — va la propulser dans une enquête métaphysique pleine de bifurcations. Chaque choix comptera. Et le jeu se pose comme un plotformer — un choix narratif combiné à un platformer — où les arcs de l’histoire sont autant influencés par nos décisions que par nos sauts maladroits.
Dès les premiers écrans, on retrouve avec bonheur l’esthétique Spectrum des années 80 : graphismes simples, animations limitées, couleurs joyeuses mais un peu ternes. Tout un décor fait de codes nostalgiques — mais avec une écriture actuelle, notamment une romance sapphic qui s’inscrit comme une évidence, ni forcée ni spectaculaire.
Le jeu oscille entre humour absurde (les cultistes du Grand Lampshaded One qui assurent « on n’est pas une secte ») et moments plus profonds sur l’identité, le rejet religieux ou l’émancipation personnelle de la créatrice Nikki Jay, qui s’en est inspirée directement.
Quantum Witch dure environ 4h la première fois, mais encourage fortement à être rejoué — entre quêtes secondaires, changements de choix et fins alternatives, on débouche facilement sur plusieurs sessions pour compléter les « waveforms » (objectifs narratifs). La navigation est simple, les indices visuels discrètement disséminés — mais parfois le joueur peut se sentir un peu perdu. Le squelette-guide est là pour ça, bien que les indications puissent rester obliques.
La structure rappelle une aventure textuelle en pixel : les dialogues s’égrènent, les pauses d’exploration permettent des interactions inattendues, les retours dans les quartiers tôt explorés dévoilent de nouveaux secrets.
Même si certaines critiques soulignent un ton un peu trop léger sur des thèmes graves (troubles religieux, marginalité), le jeu trouve l’équilibre entre absurde et sérieux grâce à son écriture fine et jamais moralisatrice. La symbolique des choix, des personnages secondaires hauts en couleur, et la musique discrète mais efficace participent d’une immersion sensiblerare pour un jeu de cette durée.
MON AVIS
Quantum Witch est un ouvrage fragile mais vibrant, un jeu qui refuse le spectaculaire pour offrir un conte pixelisé de ruptures personnelles, d’humour et de choix. Il réussit là où beaucoup d’indés perdent pied : raconter une histoire intime en laissant le joueur traceur de son propre récit. Courts mais chargés d’émotion, ses multiples fins et quêtes optionnelles font de chaque session un petit univers à explorer.
TRÈS BIEN
Points forts
- Écriture intelligente et nuancée
- Choix narratifs multiples
- Humour décalé
Points faibles
- Mouvements rigides
- Changements de ton abrupts
- Monde limité, peu de zones
Test effectué sur :
PC (Steam)
