Tout commence dans une cuisine. Une vieille femme tousse, lentement. Elle fait chauffer de l’eau. On entend les gonds d’une cage s’ouvrir. Le bruit d’un carton froissé. Et vous voilà, Dawn : un chat.
Plateformes : PC
Développeur : Spoonful Of Wonder
Éditeur : Neverland Entertainment
Sortie : 29 mai 2025
Pas un héros. Pas un acrobate. Juste un chat. Un peu grognon, pas très bavard, fraîchement adopté, et clairement pas d’accord avec ce nouveau foyer. La caméra vous suit au ras du sol. La lumière est douce, l’ambiance feutrée, et chaque mouvement a le poids d’une première impression. Et très vite, quelque chose cloche.
Copycat ne vous hurle pas dans les oreilles. Il vous chuchote des trucs dans le cœur.
On pourrait croire que Copycat surfe sur la vague Stray (et oui, le chat en jeu vidéo, c’est tendance depuis 2022). Mais ici, pas de monde cyberpunk, pas de puzzles. Pas de gadgets. Pas même un vrai monde ouvert. Juste une maison, des souvenirs, une narration douce-amère, et un mystère qui plane : qu’est-ce qu’on fait là ? Pourquoi elle nous regarde comme ça ? Et surtout… qui est cet autre chat dont elle murmure parfois le nom ?
Très vite, Copycat devient un jeu sur la confusion, l’identité, et la mémoire. En incarnant un chat, on explore un territoire minuscule — quelques pièces, un jardin, un salon d’hôpital. Mais ce que vous traversez est bien plus vaste. Chaque déplacement, chaque interaction, chaque cinématique déclenche une voix off, un commentaire, une pensée du chat. L’écriture est sobre, souvent poignante, parfois drôle (« Je croyais qu’elle m’aimait pour mes moustaches. Mais c’était les siennes, à lui. »).
C’est tout sauf une métaphore lourde. Copycat ne cherche jamais à vous tirer des larmes. Il vous regarde. Il attend. Et si vous êtes prêt, il vous montre un bout de votre reflet dans ses yeux de chat.
Le jeu se découpe en chapitres, chacun articulé autour d’un petit événement : un objet retrouvé, une visite, un rêve. Dans ces rêves — sublimes séquences oniriques — vous incarnez un chat « idéal », libre, sauvage, redoutable. Une panthère. Un chat d’avant. Peut-être celui d’avant, justement. Et quand vous revenez à la réalité, le contraste est violent. Votre Dawn est plus lente. Plus banale. Plus vraie.
Il y a des moments d’action — un peu de plateforme, quelques QTE, des mini-jeux de cachette ou d’observation — mais ce n’est jamais le cœur. Copycat reste narratif avant tout. Presque contemplatif. Si vous cherchez un défi ou du gameplay systémique, passez votre chemin. Ici, on vous demande d’écouter. Et parfois, de vous taire.
MON AVIS
Au moment de refermer Copycat, on reste là, immobile. Pas bouleversé. Pas traumatisé. Juste… touché. Le jeu ne cherche pas à impressionner. Il veut simplement raconter une histoire. Une histoire de perte. De place laissée. De ce qu’on fait avec l’amour quand il reste coincé dans une pièce vide.
C’est un jeu que vous oublierez peut-être vite dans son gameplay. Mais que vous garderez longtemps en tête. Parce qu’il parle sans dire. Parce qu’il ose faire de vous un témoin silencieux, une présence observée. Parce qu’il prend un risque rare : ne pas vous mettre au centre, mais vous glisser dans la peau de celui qui regarde les humains avec leurs manques, leurs maladresses, leur tendresse blessée.
Alors oui, c’est court. Oui, c’est scripté. Mais si vous avez un soir, un casque, un peu de calme et un cœur pas trop blindé… foncez.
EXCELLENT
Points forts
- Scénario fin et émouvant, sans jamais forcer.
- Direction artistique audacieuse.
- Une bande-son électro-analgésique.
Points faibles
- Les checkpoints sont trop rares.
- Difficulté parfois élitiste.
- Lisibilité parfois chaotique.
Test effectué sur :
