Parfois, entre deux blockbusters AAA saturés de particules et de fusillades, surgit un jeu qui vous propose de ralentir, de respirer… et d’incarner un blaireau dépressif dans une forêt hantée. Willow Guard, c’est ça : une expérience narrative entre introspection boisée, combats à base de cartes et dialogues bien plus sombres qu’ils n’en ont l’air. C’est doux, c’est rugueux, et ça pique un peu là où on ne s’y attend pas. Bref, un jeu indé qui a de la sève.
Plateformes : PC
Développeur : Sombre Marché
Éditeur : Mooneye Indies
Sortie : 10 avril 2025
Il y a des jeux qui te prennent par la main, t’emmènent faire un joli tour en barque, te racontent une histoire tendre… et puis y a Seafrog. Ce jeu ne te prend pas la main. Il t’envoie un uppercut pixelisé, te pousse dans l’eau, et te regarde te noyer en rigolant. Et tu l’aimes pour ça. Sous ses airs de jeu indé “rigolo et rétro”, Seafrog est un vrai traquenard amphibien : exigeant, capricieux, terriblement addictif. Un platformer qui ne fait aucune concession, si ce n’est celle de te donner envie de lancer ton clavier à travers l’aquarium.

Dans Willow Guard, vous incarnez Ghweros, un blaireau patrouilleur au cœur d’un village forestier rongé par les secrets, les monstres… et la pluie. Mélange d’enquête narrative, de combats à base de cartes, et de choix moraux aux conséquences parfois inattendues, le jeu vous plonge dans une ambiance à mi-chemin entre une fable sombre et un visual novel sous anxiolytiques. C’est étrange, c’est beau, et c’est bien plus profond que ce que laisse croire son apparence de RPG animalier mignon.

Le système de combat de Willow Guard mélange action en temps réel et deck-building. Vous déplacez votre personnage librement sur de petites arènes, et pour attaquer ou utiliser des compétences, vous devez jouer des cartes tirées de votre deck. Chaque carte coûte de l’endurance, donc pas question de tout balancer à la volée. Le twist, c’est que la pioche est semi-aléatoire : parfois, vous tirez pile ce qu’il faut pour briser un monstre en deux, parfois vous enchaînez trois tours à piocher des soins inutiles et à courir comme un rat sous acide. Résultat : ça donne des affrontements tendus, mais aussi des moments de frustration bien sentie, surtout quand l’IA, elle, n’a pas à tirer de cartes pour vous coller des mandales.

Visuellement, Willow Guard a ce charme désuet des contes illustrés qu’on lisait enfants avant de réaliser qu’ils étaient tous super tristes. Le pixel art est soigné, les personnages sont expressifs malgré leur taille en pixels, et les décors fourmillent de petits détails qui sentent bon la mousse humide et les nuits sans sommeil. Mention spéciale aux scènes de pluie, qui transforment immédiatement n’importe quel dialogue banal en moment digne d’un film d’auteur danois.

Côté musique, c’est du tout bon. De la flûte boisée, du piano discret, un soupçon de violoncelle déprimé : on est dans une ambiance très “après-midi pluvieuse avec un thé trop infusé”. Chaque thème accompagne l’exploration sans jamais voler la vedette, et certains morceaux auraient toute leur place dans une playlist Spotify nommée “J’observe ma tisane refroidir en repensant à mes erreurs de jeunesse”. Une réussite.
MON AVIS
Willow Guard, c’est un peu comme une vieille BD oubliée dans une cabane au fond des bois : ça sent l’humidité, les pages collent un peu, mais il y a une vraie âme dedans. Un jeu à savourer doucement, entre deux tisanes… ou deux crises existentielles.
TRÈS BIEN

Points forts
- Un univers forestier original et mélancolique
- Un pixel art riche en ambiance
- Une narration qui prend le joueur au sérieux
Points faibles
- Des combats parfois trop dépendants du hasard
- Un rythme qui traîne en début de partie
- Une interface confuse
Test effectué sur
PC (Steam)