KAYA’S PROPHECY

Personne ne sait vraiment pourquoi les grenouilles ont disparu du village. Certains accusent le sorcier, d’autres les courants d’air divins. Mais une chose est sûre : depuis qu’on pioche des cartes pour construire des puits, plus rien n’a de sens — et c’est très bien comme ça. Kaya’s Prophecy, ce n’est pas un jeu pour planifier. C’est un jeu pour improviser pendant que votre divinité vous juge en silence, et que votre forge prend feu sans raison apparente. Ambiance.

Informations du Jeu

Plateforme(s) : PC

Développeur :Jérémie & Thibaut

Éditeur : Yogscast Games

Sortie : 10 avril 2025

Kaya’s Prophecy est de ces jeux qui, d’un regard, vous promettent un monde doux, planant, presque bienveillant. Une esthétique feutrée, une bande-son méditative, des villages paisibles à faire pousser au milieu de nulle part. On s’attend à un petit moment de détente, une expérience cozy entre deux jeux plus exigeants.
Et puis, au bout de vingt minutes, le jeu tire une carte qui dit « famine », une autre qui dit « ton dieu est fâché », puis il vous sourit gentiment pendant que tout votre village prend feu.

Derrière ses airs de jeu zen, Kaya’s Prophecy est une usine à frustration au potentiel fascinant, un titre qui semble avoir été conçu pour un seul type de joueur : celui qui adore que le destin lui crache à la figure, et qui en redemande.

Le concept est pourtant délicieux sur le papier : un city-builder couplé à un système de deck-building, dans lequel on pioche des cartes pour construire son village, améliorer ses ressources, et tenter de satisfaire une divinité qu’on devine sortie d’une mauvaise journée mythologique. Chaque tirage de cartes est une nouvelle tentative d’aligner les astres, ou au moins de poser une scierie sans provoquer la colère divine.

Très vite, on comprend que rien ne se passe comme prévu, et que le cœur du jeu n’est pas tant dans la planification que dans l’adaptation permanente. Le bois manque ? Improvise. Ton dieu veut un temple, mais tu n’as qu’une carrière et un élevage de chèvres ? Improvise encore. Une bonne partie de l’expérience repose sur cette tension : composer avec ce qu’on a, survivre malgré soi, reconstruire sur les cendres d’une mauvaise pioche.

Et c’est là que Kaya’s Prophecy devient presque séduisant, malgré lui. Car au fond, il ne cherche pas vraiment à être agréable. Il vous place dans une boucle d’espoir, de mini-catastrophes et de demi-victoires qui vous forcent à ruser, contourner, faire avec. C’est un jeu qui ne pardonne rien, mais qui récompense l’obstination.

Le problème, c’est qu’à force de se vouloir imprévisible, le jeu oublie parfois d’être équilibré. Certaines parties sont sabordées avant même d’avoir commencé, d’autres déroulent sans effort juste parce que le tirage initial était favorable. L’illusion de contrôle est souvent trop fine, et si l’on n’a pas l’esprit joueur ou une bonne dose d’auto-dérision, l’expérience peut vite devenir rageante.

Techniquement, Kaya’s Prophecy fait le job, sans étincelle. L’interface est claire, les mécaniques sont lisibles, mais l’ensemble manque un peu de vie. Les villageois, par exemple, semblent animés comme des figurines en bois, et l’univers visuel, s’il est mignon, finit par tourner en rond. On aurait aimé plus de caractère, plus de variations, plus de surprises — autre chose que la surprise d’un nouveau désastre.

Et puis, au détour d’une expédition, quand on pensait juste partir chercher trois bouts de bois et une pierre magique, voilà qu’un sanglier spectral nous saute dessus. Kaya’s Prophecy, sans être un jeu de baston, propose tout de même des combats au tour par tour, où l’on pioche des cartes pour se défendre, attaquer ou gratter un peu de contrôle. C’est simple, parfois un peu brouillon, mais ça fonctionne : les affrontements sont de petits puzzles mouvants, où il faut tirer le meilleur d’une main moyenne pour ne pas finir écrasé sous les sabots d’un ours en feu (vraiment). Rien de très profond, mais juste assez pour mettre un peu de tension là où on ne l’attendait pas, et rappeler que l’aventure, ici, ne se vit pas qu’au village.

Reste que le jeu a quelque chose. Une honnêteté, peut-être. Ou un certain goût pour l’échec assumé. Ce n’est pas un jeu qu’on recommande à tout le monde, et surtout pas à ceux qui cherchent un city-builder paisible ou un deck-builder tactique. Mais pour ceux qui aiment perdre de manière élégante, recommencer parce qu’ils savent qu’ils auraient pu mieux faire avec la même main, Kaya’s Prophecy offre une expérience à la fois cruelle et captivante.

Il ne vous tiendra pas des dizaines d’heures. Il ne révolutionne rien. Il vous fera parfois soupirer. Mais si vous aimez jouer avec le chaos, il vous fera aussi sourire — ce genre de sourire qu’on a quand tout part en vrille, et qu’on se dit : « Bon, allez. Une dernière. »

MON AVIS
Au final, Kaya’s Prophecy ne fera pas l’unanimité. C’est un jeu à la fois modeste et tordu, imparfait mais attachant, qui s’adresse surtout à ceux qui aiment que rien ne se passe comme prévu. Il manque de souffle sur la durée, c’est vrai, mais il a cette petite voix intérieure qui dit “allez, une de plus” après chaque défaite. Pas un indispensable, mais un détour intéressant, surtout si vous aimez perdre joliment — et recommencer juste pour voir si le sort, cette fois, sera un peu moins cruel.

BIEN

Critique

Points forts

  • Concept original
  • Ambiance soignée
  • Challenge grisant pour les masochistes du hasard

Points faibles

  • Aléatoire parfois injuste
  • Expéditions creuses
  • Manque de profondeur sur la durée
Console du Test

Test effectué sur :

PC (Steam)

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