SILENT HILL THE SHORT MESSAGE

Il y a des jeux qui se racontent en cris, d’autres en hurlements… Et puis il y a Silent Hill: The Short Message, qui s’exprime dans le silence pesant d’un téléphone muet, d’un message non lu, d’un appartement trop vide.

Informations du Jeu

Plateformes : PS5

Développeur : HexaDrive

Éditeur : Komani

Sortie : 31 janvier 2024

Il fallait bien que le retour de Silent Hill s’écrive autrement. Et s’il déroute, s’il agace parfois, c’est peut-être parce qu’il ne hurle pas assez fort pour ceux qui confondent l’horreur avec un grand huit ensanglanté. Pourtant, c’est bien de terreur qu’il est question ici. Mais une terreur contemporaine, intime, plus actuelle qu’on l’admet.

Proposé gratuitement sur PlayStation 5, The Short Message n’a pas fait grand bruit. Un comble, pour un Silent Hill. Et pourtant, derrière son format court (comptez 1h30 à 2h de jeu) et sa structure en apparence modeste, le titre cache une ambition artistique sincère. Ici, pas de ville brumeuse à explorer librement ni d’énigmes à la chaîne. Ce n’est pas un épisode classique, et il ne le prétend pas. C’est un huis clos métaphorique, ancré dans le mal-être adolescent et les spirales mentales qu’engendrent le rejet, la solitude et le cyberharcèlement.

On y incarne Anita, jeune fille en rupture, attirée dans un immeuble abandonné par un message inquiétant. Très vite, le réel s’effrite et l’on se retrouve à errer dans des couloirs changés en cauchemars, entre réalité urbaine délabrée et visions hallucinées. Un jeu de cache-cache avec ses propres démons, bien plus qu’avec des monstres.

Ce que The Short Message réussit à incarner, c’est une forme d’horreur psychologique débarrassée de ses oripeaux hollywoodiens. Oui, quelques jumpscares ponctuent l’expérience, mais ils ne sont pas le cœur du propos. Le véritable malaise vient d’ailleurs : de ces décors saturés de graffitis menaçants, de ces couloirs sans fin, de cette voix intérieure qui ne cesse de murmurer qu’on ne vaut rien.

Là où d’autres jeux se contentent d’empiler les effets chocs comme on empile les barils dans un jeu d’action fainéant, Silent Hill: The Short Message fait le choix d’une terreur douce, rampante, qui prend racine dans la réalité sociale. Les environnements – inspirés du Japon contemporain – évoquent les complexes HLM laissés à l’abandon, les lieux de vie devenus tombeaux. Et les cauchemars, eux, parlent de regards, de réseaux sociaux, de réputation, de rumeurs. C’est une horreur du quotidien. Celle qui pousse à la solitude, puis à l’oubli.

On pourrait facilement reprocher au jeu sa linéarité, son manque d’interactions profondes, son gameplay minimal. Ce serait passer à côté de sa nature : celle d’un jeu-manifeste, pensé comme une expérience narrative. The Short Message ne cherche pas à vous amuser, mais à vous parler. Il ne veut pas distraire, mais faire réfléchir.

La mise en scène, parfois un peu appuyée, sert néanmoins un propos fort : la santé mentale, le harcèlement scolaire, la pression sociale. Des thèmes rarement abordés avec autant de sincérité dans un jeu d’horreur. Et même si le traitement est parfois frontal, il a le mérite d’exister, de choquer autrement. Pas par la violence, mais par le miroir qu’il tend au joueur. Un miroir parfois cruellement fidèle.

Et puisqu’on parle de respect : Silent Hill: The Short Message est gratuit. Oui, gratuit. Pas “free-to-play avec une boutique”, pas “gratos pour les abonnés”, non : juste gratuit. À une époque où même le moindre skin de fusil coûte plus cher qu’un sandwich, cette gratuité relève presque de l’acte militant. Konami aurait très bien pu emballer le jeu dans un joli ruban et le vendre dix balles – il l’aurait mérité. Au lieu de ça, ils l’ont offert. Un geste rare, qui montre que ce projet n’est pas là pour engranger des clics, mais pour marquer les esprits. Et franchement, ça fait du bien.

Graphiquement, le jeu oscille entre très beau et simplement correct. Certains effets de lumière, la gestion du flou, les séquences oniriques sont très réussis. D’autres passages, plus figés, trahissent le budget limité. Mais l’ensemble reste cohérent, servi par une direction artistique marquée : graffiti mouvants, décors déformés, transition brutale entre réalité et hallucination. La bande-son, discrète mais oppressante, renforce cette ambiance étouffante, jusqu’à l’explosion finale.

Et puis il y a cette fin. Cette conclusion douce-amère, humaine, poignante. Qui rappelle que Silent Hill, à ses débuts, n’a jamais été qu’un prétexte pour parler de douleur. Pas de monstres, pas de gore. Juste une humanité en souffrance.

MON AVIS
Silent Hill: The Short Message ne cherche pas à faire l’unanimité. Il cherche à faire écho. À parler à ceux qui écoutent encore entre les lignes, entre deux battements de cœur un peu plus lourds que d’habitude. C’est un jeu imparfait, oui. Mais un jeu sincère, nécessaire, qui laisse une trace bien après l’avoir refermé. Il ne crie pas. Il murmure. Et parfois, ça suffit à faire peur.

TRÈS BIEN

Critique

Points forts

  • Un traitement mature et subtil de la souffrance psychologique
  • Une ambiance dérangeante et cohérente
  • Gratuit, court, mais marquant

Points faibles

  • Gameplay limité
  • Quelques maladresses
  • Risque de ne pas être compris
Console du Test

Test effectué sur :

PC (Steam)

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