Plateformes : PC, PS5
Développeur : Pollard Studio
Éditeur : Thermite Games
Sortie : 27 mars 2025
Dans la jungle des jeux narratifs horrifiques, Karma: The Dark World débarque en affichant fièrement son pedigree visuel et son atmosphère lourde. Développé par le studio chinois Pollard Studio – un petit nouveau dans le game – le jeu tente d’impressionner avec une direction artistique léchée et une ambiance pesante. Malheureusement, sous cette belle façade, il n’apporte rien de neuf et recycle avec un peu trop d’enthousiasme les codes popularisés par Bloober Team (Layers of Fear, The Medium, Blair Witch). Autrement dit, Karma: The Dark World est à l’horreur psychologique ce que les films d’action de série B sont aux blockbusters hollywoodiens : ça en met plein les yeux, ça fait du bruit, mais ça ne révolutionne rien.

Un monde sublime mais sans âme
Soyons honnêtes : si l’on devait juger Karma: The Dark World uniquement sur son aspect visuel, il serait une claque. Le jeu est une vitrine technique, avec des jeux de lumière somptueux, des textures détaillées et une mise en scène qui lorgne clairement du côté du cinéma d’horreur asiatique. Chaque décor est une invitation à la contemplation… jusqu’au moment où l’on réalise qu’ils ne racontent pas grand-chose. Là où Silent Hill ou même un Observer savaient rendre leurs environnements narratifs, ici, on a souvent l’impression de se promener dans une maquette froide, un peu comme un showroom IKEA de l’horreur. C’est beau, mais on ne ressent rien.

Un gameplay qui confond intensité et lourdeur
Le cœur du jeu repose sur une progression linéaire ponctuée d’énigmes et de séquences d’infiltration/action agressives. Et quand on dit agressives, c’est un euphémisme : Karma: The Dark World est un jeu qui vous hurle dessus en permanence. Les ennemis sont brutaux, les scripts s’enchaînent sans répit, et la moindre erreur se paye cash. Problème : cette approche punitive ne s’accompagne pas d’un vrai sentiment de contrôle. La maniabilité est parfois rigide, certaines actions manquent de précision, et la gestion des collisions est aux fraises. Résultat : on passe plus de temps à râler contre des mécaniques imprécises qu’à réellement frissonner. Et puis, soyons francs, la peur vient souvent d’une bonne gestion du rythme. Ici, Pollard Studio semble penser que l’horreur, c’est balancer jumpscare sur jumpscare, sans jamais laisser le joueur respirer. C’est épuisant, et pas toujours dans le bon sens.

Scénario : vous aimez les clichés ? Ça tombe bien !
L’histoire nous plonge dans un monde dystopique où le joueur incarne un protagoniste amnésique (évidemment) poursuivi par des forces mystérieuses (forcément) dans un univers où la frontière entre réalité et cauchemar est aussi floue d’un discourt de ministre. L’intrigue avance à coups de documents cryptiques, de flashbacks et de dialogues volontairement nébuleux, histoire de donner une illusion de profondeur. Le problème, c’est que tout semble déjà vu. Les amateurs de Silent Hill, The Medium ou même Detention auront l’impression de jouer à un best-of des idées déjà exploitées ailleurs, mais sans la finesse d’écriture qui les rendait marquantes. Certes, l’ambiance fonctionne par moments. Certains passages dégagent une vraie tension et les thèmes abordés (culpabilité, manipulation, conditionnement mental) auraient pu être passionnants s’ils avaient été mieux traités. Mais au final, l’histoire peine à surprendre et laisse une impression de fadeur.

MON AVIS
Pour un premier projet, Pollard Studio montre qu’il sait manier l’Unreal Engine et poser une ambiance. Karma: The Dark World est indéniablement un jeu soigné, qui séduira les fans d’horreur en manque de nouvelles expériences. Mais il souffre d’un manque d’identité flagrant et d’un gameplay plus frustrant qu’efficace. Si vous cherchez un jeu d’horreur qui fait le taf sans chercher à réinventer la roue, Karma: The Dark World peut valoir le détour. Mais si vous espérez une nouvelle référence du genre, passez votre chemin : ici, on est plus proche du plagiat appliqué que du chef-d’œuvre inspiré.
Points forts
- Direction artistique superbe
- Ambiance oppressante réussie
- Quelques bonnes idées de mise en scène
Points faibles
- Scénario vu et revu
- Gameplay parfois imprécis et frustrant
- Trop inspiré des jeux Bloober Team
- Aucune réelle surprise
Test effectué sur :
PC (Steam)