The Cabin Factory

J’ai toujours eu un problème avec les lieux de travail trop silencieux. Un bureau sans radio. Un couloir d’entreprise sans bavardages. Un entrepôt où les néons bourdonnent plus fort que les employés. Ce n’est pas naturel. Ce n’est jamais naturel. C’est un peu comme si le bâtiment, en l’absence de toute vie humaine, reprenait doucement le contrôle.

Alors forcément, quand j’ai lancé The Cabin Factory, je me suis senti chez moi. Pas dans le bon sens du terme. Plutôt dans celui où chaque geste est pesé, chaque respiration vous est comptée, et où une erreur de jugement ne coûte pas une sanction… mais votre perception de la réalité.

Informations du Jeu

Plateformes : PC

Développeur : International Cat Studios

Éditeur : Future Friends Games

Sortie : 13 décembre 2024 (PC) / 16 octobre 2025 (Consoles)

Le pitch pourrait tenir sur un post-it : vous travaillez dans une usine chargée d’inspecter des cabanes en bois. Une à une. Toujours la même, ou presque. L’objectif : repérer si la cabane présentée est “sûre” ou “hantée”.

Pas de fusil, pas de lampe torche, pas de voix intérieure : juste un bouton. Safe. Haunted. Choisissez.

Mais évidemment, rien n’est aussi simple. Parce que la cabane change. Lentement. Silencieusement. Une photo s’inverse. Une bouteille se tourne. Une trappe vibre. La radio craque, sans prévenir. Et vous commencez à douter. D’abord de la cabane. Puis de vos souvenirs. Puis de votre rôle.

The Cabin Factory, dans sa forme, ressemble à une version cauchemardesque d’un simulateur de contrôle qualité. C’est Papers, Please, mais à la place des passeports, ce sont des cabanes maudites. Et à la place d’un régime totalitaire… c’est quelque chose de bien pire : une entreprise.

Une vraie. Avec des fiches à remplir, des instructions ambiguës, et une hiérarchie absente mais oppressante.

Chaque erreur vous rapproche de la catastrophe. Chaque “Haunted” incorrecte, chaque “Safe” mal jugée… et c’est le cycle qui s’accélère.

Et le pire ? C’est que même quand vous avez raison, vous ne vous sentez jamais en sécurité.

Le jeu n’utilise pas la peur comme un sabre, mais comme une vis. Il serre, lentement. Et plus vous jouez, plus l’air se raréfie.

Design minimaliste, horreur maximale

Visuellement, le jeu est sobre. Une salle d’observation. Un écran. Une cabine. Quelques lumières. Et pourtant, cette pauvreté graphique joue en sa faveur : elle vous empêche de vous distraire. Elle vous oblige à regarder. Vraiment.

Et c’est là que la magie noire opère : parce que vous finissez par voir des choses qui… n’étaient peut-être pas là.

Chaque “cabine” est une variation. Parfois anodine. Parfois carrément hostile. Mais jamais gratuitement. Tout est dans la suggestion. Les ombres trop épaisses. Le feu qui refuse de mourir. Une silhouette… figée, mais juste un peu trop réelle.

La bande-son est inexistante. Ou presque. Pas de musique. Seulement du bois qui craque, du vent, et ce silence oppressant qui s’installe comme une présence. On se surprend à retenir sa respiration. À douter de l’arrière-plan. À scruter une chaise comme si elle pouvait, d’un instant à l’autre, vous parler.

Pas un jeu, une expérience de perception

La force de The Cabin Factory, c’est de transformer une idée de base — comparer deux versions d’un même lieu — en rituel sensoriel. Vous apprenez à faire confiance à votre œil, puis il vous trahit. Vous croyez avoir cerné les règles du jeu, mais elles s’effacent. Parfois littéralement.

« Ce tableau était là, non ? »

« Est-ce que cette porte est censée être ouverte ? »

« Ai-je raté quelque chose ? Ou est-ce le jeu qui me teste ? »

Les réponses n’ont pas d’importance. Le jeu ne cherche pas à vous rassurer. Il cherche à vous faire perdre l’habitude de comprendre.

Là où beaucoup de jeux d’horreur se complaisent dans le gore ou les screamers, The Cabin Factory joue une partition bien plus subtile : celle de l’angoisse discrète, mais insistante.

Celle qu’on ressent à 4h du matin, dans une salle d’attente vide. Celle qu’on entend dans un interphone qui grésille sans raison. Celle qu’on ne peut pas expliquer sans passer pour fou.

Et surtout : il ne cherche jamais à vous humilier. Même quand vous “perdez”, le jeu ne vous juge pas. Il vous observe. Il prend note. Il vous laisse recommencer.

Et vous le faites. Parce que vous voulez comprendre. Parce que vous pensez avoir raté un indice. Parce que vous croyez, malgré tout, que quelque chose dans ce système a un sens.

Mais peut-être que ce sens, c’est vous qui le projetez. Et peut-être que le jeu… le sait déjà.

MON AVIS
The Cabin Factory, ce n’est pas juste un jeu d’horreur. C’est une mise en abîme du quotidien. Un miroir crasseux tendu à tous ceux qui, un jour, se sont assis devant un poste de travail en se demandant si ce qu’ils faisaient avait encore un sens.

Le jeu ne répond pas à cette question. Il vous laisse seul avec elle. Dans une pièce vide. Devant une cabane identique à celle d’avant. Mais pas tout à fait.

EXTREMEMENT EFFICACE

Critique

Points forts

  • Une ambiance anxiogène millimétrée
  • Une mécanique d’observation addictive
  • Une critique implicite du travail moderne et de la répétition

Points faibles

  • Très court (mais intense)
  • Répétitif pour ceux qui ne rentrent pas dans l’ambiance
  • Pas pour les amateurs de jump scares ou d’action frontale
Console du Test

Test effectué sur :

PC (Steam)

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