Meteorfall: Krumit’s Tale

Il est 2h47 du matin. Mon héros, Bruno le Barbare, agonise face à une armée de gobelins en carton-pâte. Je jette mes dernières potions, ma dernière carte, ma dernière prière à Krumit, ce marchand amphibien qui me vend ses artefacts avec la bienveillance d’un prêteur sur gages. L’écran s’assombrit. « You died. » Et pourtant, sans réfléchir, mon pouce appuie sur “Restart”. Parce que Meteorfall: Krumit’s Tale, c’est ce genre de jeu : un piège élégant, une boucle infinie où chaque défaite devient une promesse de revanche.

Informations du Jeu

Plateformes : PC, IOS, Android

Développeur : Slothwerks

Éditeur : Slothwerks

Sortie : 26 septembre 2025

Le plus beau, c’est qu’on ne s’y attend pas. On lance ce jeu en se disant qu’on va “juste tester deux ou trois parties”, et puis, quelque part entre un marchand louche et un squelette mal luné, on réalise que la réalité a disparu. Plus de temps, plus de fatigue — juste ce quadrillage hypnotique de neuf cases et la satisfaction de construire, petit à petit, la victoire parfaite.

Tout commence dans la boutique de Krumit, un batracien marchand dont le sourire énigmatique cache probablement un agenda occulte. Il vous propose de choisir un héros — chacun avec sa manière bien à lui de risquer sa peau — et de partir explorer un monde en ruine. Le principe paraît simple : vous affrontez des monstres sous forme de cartes disposées sur une grille 3×3, en dépensant votre or pour piocher des équipements et en priant pour que la chance vous épargne.

Mais Krumit’s Tale n’a rien du jeu “simple” qu’il prétend être. C’est une mécanique d’horlogerie diaboliquement précise, un puzzle mental qui vous fait réfléchir à chaque mouvement. Faut-il dépenser maintenant ou économiser ? Attaquer ou attendre un meilleur tirage ? L’équilibre entre prudence et témérité devient presque une philosophie.

Là où la plupart des roguelites à cartes vous abreuvent d’effets clinquants et de synergies démesurées, Krumit’s Talechoisit l’économie. Tout est lent, mesuré, presque méditatif. On ne “spamme” pas les tours, on les sculpte. On calcule, on anticipe, on se surprend à contempler une simple carte de dague comme s’il s’agissait d’un artefact légendaire.

Ce qui rend le jeu si addictif, c’est cette tension permanente entre hasard et contrôle. Chaque victoire est méritée, chaque échec douloureusement logique. On apprend à connaître les ennemis, à sentir quand le jeu va nous punir, et parfois, miraculeusement, on s’en sort avec un enchaînement parfait. Ce moment où tout clique — l’arme, la compétence, la carte bonus — vaut à lui seul toutes les nuits blanches.

Visuellement, Krumit’s Tale évoque un carnet de croquis oublié dans un grenier de sorcier. Les dessins semblent à la fois enfantins et cauchemardesques : des héros aux têtes rondes, des monstres difformes, une esthétique de papier découpé animée par la fièvre d’un illustrateur insomniaque. Slothwerks, le studio derrière cette pépite, réussit un tour de force rare : créer un univers cohérent, drôle et étrange sans un seul effet tape-à-l’œil.

Sur PS5, tout est d’une lisibilité exemplaire. Pas un pixel de trop, pas un menu confus. L’interface, repensée pour la manette, glisse entre les doigts comme un vieux grimoire qu’on connaît par cœur. Même la musique, minimaliste et discrète, finit par s’infiltrer dans la tête. Ces petites boucles mélodiques deviennent le métronome d’une obsession silencieuse.

Meteorfall: Krumit’s Tale fait partie de ces rares titres qui n’ont rien à prouver, mais qui finissent par s’imposer comme une référence. Derrière ses allures modestes se cache un monstre d’équilibrage et de design. C’est un jeu qui vous murmure à l’oreille : “Allez, juste une dernière run…” Et avant que vous ne réalisiez, le soleil s’est levé.

Il n’y a ni quêtes épiques, ni mondes ouverts, ni cinématiques interminables. Juste vous, vos cartes, et ce plaisir pur, archaïque, presque animal, de la victoire méritée.

MON AVIS
À la fin, on ne sait plus trop si on joue pour gagner ou simplement pour ressentir le plaisir de jouer. Krumit’s Tale n’a pas besoin d’être grandiose : il se contente d’être juste. Et c’est bien pour ça qu’il devient essentiel.

TRÈS BIEN

Critique

Points forts

  • Un système de deckbuilding d’une profondeur rare
  • Une direction artistique singulière et immédiatement reconnaissable.
  • Une adaptation PS5 exemplaire

Points faibles

  • Une difficulté qui peut décourager
  • Peu de variété visuelle entre les zones
  • Une addiction telle qu’on finit par en vouloir à Krumit de ne pas fermer boutique.

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