Resident Evil 8 – Village

INFO
2021 – PS4/PS5/XBOX ONE/SERIES/PC
Genre – Survival-horror
Joueur – Solo
Editeur – Capcom
Développeur – Capcom
PEGI 18
Testé sur PS5

Peut-on être objectif avec une licence que l’on suit depuis le début ? Je n’ai jamais vraiment raconté ma première rencontre avec le premier jeu en 1997. La PlayStation arrive dans les salons français alors que je suis entrain de jouer à des versions japonaises de Dragon Ball avec l’adaptateur sur Super Nintendo. Je joue bien de temps en temps sur PC chez un pot, mais c’est, mais la cartouche reste mon format roi. Une machine à écrire. Oui, tout a commencé avec une machine à écrire. Comme un long rituel, le grand frère d’un pot avait réquisitionné la TV du salon pour y brancher la boite grise de Sony avec Biohazard aka Resident Evil en France. Il relatait son aventure sur cette machine à écrire. Cette dernière permettant de sauvegarder dans le jeu. Maintenant, nous sommes en 2021, des champignons noirs apparaissent en Inde et on sauvegarde toujours avec une machine à écrire.

Avant-propos
Pour apprécier à sa juste valeur ce huitième opus, je vous conseille très fortement d’avoir fait le numéro sept. Pour remplir un peu plus ce paragraphe je vais vous expliquer pourquoi devez commencez par celui-ci. Les autres, vous pouvez directement passer au paragraphe suivant. RE7 est le vent de fraicheur qui ne refait pas tomber une énième fois la licence dans de l’action facile avec des sous-intrigues dont tout le monde se fout. Incarner Ethan qui n’est pas un héros nous ramène à ce qui a disparu avec RE4 : la peur. Même si le jeu est clairement coupé en deux avec une seconde partie forcément plus bourrin, on retrouve cette peur de mal viser, de se faire rattraper ou encore dévorer par des bestioles résistante et collante. En 2017, j’avais surtout égratigné cet opus sur son scénario bien trop léger. Les extensions ne rattrapent malheureusement pas le niveau avec trop d’action ou des parties de cache-cache ridicule. Pourtant, RE7 reste une référence pour son ambiance et maintenant comme l’introduction de RE8. Car ce dernier est une suite directe.

Une introduction qui donne le ton
La violence de cette intro n’aura d’égale que la violence de la vengeance d’Ethan Winters. Absolument tout va mal tourner et notre antihéros va se retrouver au milieu d’un village d’Europe de l’Est et une question : « putain je suis où là ? ». On se rend alors vite compte que ce lieu en apparence hostile l’est encore plus qu’on ne le pense. On retrouve très vite une structure très très très très proche de RE7, à savoir une place centrale et autour des lieux à visiter dans un ordre précis avec un méchant à abattre au bout. Même si la formule n’est absolument pas originale, j’ai joué le jeu avec un certain déplaisir me rendant compte, en plus, que ce village n’est pas si ouvert que ça. Nous aurions bien quelques clefs pour ouvrir certaines bicoques, mais ça reste insuffisant pour se sentir libre. En résumé, une vengeance dans un monde semi-ouvert avec une progression usé jusqu’à la moelle et beaucoup trop de similitudes avec l’opus précède. Vous en doutez ? Être «présenté» aux ennemis au début du jeu puis traqués, les retrouver dans leur zone pour les défoncer ou encore revenir par une place centrale… Le potentiel d’un village aurait pu ouvrir d’autres possibilités, c’est la vie, on fait avec.

La liste des invités
La plus grosse erreur que va faire le jeu sur sa première heure va être de nous vomir à la face tout son bestiaire, anéantissant au passage toute ambiguïté et mystère sur ce village. On va devoir s’armer pour ramener tout ce beau monde à la terre et voici le second problème qui nous arrive dans la face ! L’action. Comme dit précédemment, Resident Evil n’est pas une License aussi subtile que Silent Hill, mais il faut reconnaitre que les deux premiers (même dans leur version remasterisé) laissent autant de place à l’action qu’a la survie. La raison est simple : les balles sont rares et on préfère fuir au lieu d’affronter. Ce village va vite nous équiper en pétoires et nous offrir suffisamment de balles pour réduire ce sentiment de faiblesse et d’insécurité pourtant retrouvé dans RE7. Il est vrai que le niveau de difficulté Village des ombres va donner bien plus de fil à retordre, mais faire pester sur la lenteur de notre personnage. Bref, ce Village est une table avec trois pieds qui va constamment se mettre à tomber à peine l’équilibre retrouvé.

L’énergie du désespoir
Je me souviens de ce mot au début de Final Fantasy 15 : « un Final Fantasy pour les fans et les nouveaux venus ». Capcom aurait pu mettre ce message au lancement du jeu. On va avoir un poil de peur, beaucoup de balles, des dialogues que même Chuck Norris désapprouverait d’un grand coup de poing dans la poire, des sous-sols d’eau croupie, des toits linéaires, un petit groupe de survivants, un moment sans armes, des références à Wolfenstein, un procès pour plagiat de design d’ennemis (si si), un marchand bizarre, des moments stupides, ces putains de boules de merde, allumer le feu ou encore donner du lance-grenade va former le pot-pourri de ce village. La direction n’est pas claire et même si un moment est particulièrement flippant et marquant au milieu de ce beau bordel, ça part dans tous les sens. L’exploration est au strict minimum et on prendra plus de plaisir dans un Doom Eternal.

Le plus beau des Village ?
J’ai fait le jeu en 4K sur PS5 avec le son 3D au casque. Les conditions étaient alors optimales et le ray tracing vite désactivé, car inutile. Le RE Engine fait des merveilles et je me suis régalé de bout ne bout. La différence entre ce Village et le septième opus n’est pas phénoménale, mais donne un bon avant-gout de la next-gen même si Capcom a plus vendu son jeu sur PS4 Pro que sur PS5. On ne va pas y passer la nuit, c’est beau et fluide.

Mais c’est bon ou pas ?
Oui, malgré tout ce que je peux lui reprocher, je m’avoue vaincu. J’ai passé un excellent moment comme on monte dans un train fantôme linéaire, mais terriblement bien rythmé. J’ai défoncé le jeu en douze heures et je n’ai pas vu le temps passé. Cette envie d’y revenir était constante et finalement je suis resté comme un con jusqu’à la scène post-générique. Ce grand n’importe quoi m’aura, contre toute attente, fait passer un excellent moment. Ce n’est pas le but au final ?

Capcom et les modder
Depuis Resident Evil 2 remake avec un moteur graphique extrêmement souple, les plus créatifs ont su recycler les modèles 3D pour en faire des courts-métrages et autres modifications dans le jeu. Il est vrai que voir Mister X en calebute nous poursuivre n’est plus horrifique du tout. Dans ce Village, Capcom décide de jouer encore plus avec eux. C’est de bonne guerre même si certains éléments « caché » révélés par un mod n’apporteront rien en soi. J’irai même plus loin : la fin du chien dans Silent Hill 2 n’y est pas pour rien.

Mon avis
Ce Village loin d’être parfait m’aura quand même fait passer un excellent moment. J’ai souvent pesté pour mieux y retourner et connaitre le fin mot de l’histoire. Mes préférés restent le premier et le zéro pour leur parfait équilibre entre l’horreur et l’action sans compter que je suis un vieux con nostalgique des plans fixes. Resident Evil 8 ne sait absolument pas où il va et c’est un peu comme un film d’horreur des années 80 et cette insouciance liée à la cohérence et privilégiant l’expérience. C’est au moment où j’ai demandé à mes neurones de partir faire téter les puces que j’ai eu le plus de plaisir. Pour la dernière fois, faite le 7 avant de vous lancer, je vous en supplie.

Et si on prenait ce Village comme il vient ? Une expérience horrifique foutraque et très agréable à parcourir.
TRÈS BON

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.